Six ans après un premier volet qui avait secoué le box-office chinois, Ne Zha 2 marque le retour fracassant du jeune héros légendaire. Toujours réalisé par Jiaozi, ce second épisode enfonce le clou du spectaculaire, mais peine parfois à retrouver la fraîcheur du premier.
L’histoire reprend là où on l’avait laissée. Ne Zha, enfant-démon devenu figure héroïque, se retrouve face à de nouvelles forces obscures alors que les relations entre les humains, les dieux et les dragons sont à nouveau menacées. Le retour d’Ao Bing, rival devenu ami, ajoute une tension dramatique supplémentaire que le film exploite habilement dans sa première moitié. Visuellement, c’est un sans-faute : chaque plan déborde d’effets, d’éclairs, de flammes, de créatures fabuleuses. L’animation est d’un niveau impressionnant, avec un souci du détail rare, notamment dans les textures, les éclairages ou la fluidité des combats. Certaines séquences sont même difficilement comparables, dans leur ambition graphique, à ce que peut proposer Pixar ou DreamWorks aujourd’hui.
Mais c’est précisément là que le film montre ses limites. À force d’en faire trop, il finit par saturer. Les affrontements sont si nombreux et si bruyants qu’ils perdent parfois en intensité dramatique. Le montage accéléré, très nerveux, laisse peu de place à la respiration ou à l’émotion. Là où le premier Ne Zha réussissait à équilibrer action, humour et tendresse, ce second opus semble plus soucieux d’enchaîner les prouesses techniques que de raconter une histoire avec cohérence.
Le scénario multiplie les sous-intrigues, parfois jusqu’à l’indigestion. On y parle de réincarnation, de rivalité divine, de rédemption, de destin contrarié… mais sans toujours savoir sur quel pied danser. La dynamique entre Ne Zha et Ao Bing, qui aurait pu être le cœur du récit, est noyée sous une avalanche de rebondissements, de nouveaux personnages et d’effets numériques. Le résultat est moins touchant, moins incarné, malgré quelques scènes bien senties, notamment celles où le héros se confronte à ses propres doutes.
L’humour, quant à lui, vise clairement un public jeune. Les gags sont fréquents, parfois efficaces, mais souvent trop appuyés, voire franchement lourds. Le contraste avec la mythologie sombre du film peut créer une forme de dissonance, qui désamorce la tension dramatique au lieu de l’enrichir.
Reste une œuvre ambitieuse, spectaculaire, qui confirme la montée en puissance du cinéma d’animation chinois sur la scène internationale. Ne Zha 2 enchaîne les records au box-office et s’exporte avec succès, preuve que la formule continue de séduire. Mais à vouloir tout montrer, le film finit par s’égarer un peu. Le feu de Ne Zha brûle toujours, mais il a perdu un peu de son éclat.