Minecraft, le film : une adaptation qui tourne en rond

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Adapter un jeu vidéo sans scénario ni personnage principal en long-métrage familial semblait une mission casse-gueule. Jared Hess (connu pour Napoleon Dynamite) s’en sort avec une option : tout miser sur le non-sens et le clin d’œil. Résultat ? Un film bruyant, parfois drôle, souvent creux, qui ressemble davantage à un sketch XXL qu’à une aventure de cinéma.

Un hommage bordélique pour fans avertis

Dans Minecraft, le film, un groupe d’adolescents est propulsé dans l’univers du jeu pour sauver le monde cubique de la destruction. Ils sont guidés par Steve, figure culte du jeu, ici incarné par un Jack Black en totale roue libre. L’idée n’est pas de construire un récit solide, mais d’aligner des gags référencés à l’univers du jeu : les Creepers, les blocs de TNT, les villageois idiots, les portails vers le Nether. La mise en scène joue sur l’alternance entre live-action et animation cubique, dans une logique pure de pastiche.

Le problème, c’est que le film ne cherche jamais à dépasser son matériau. Là où The LEGO Movie avait su créer une intrigue et une émotion à partir d’un monde modulaire, Minecraft, le film reste prisonnier de son fan-service. L’humour, potache, fonctionne par moments — notamment grâce au jeu des acteurs — mais lasse rapidement, faute d’un rythme cohérent. Jason Momoa, dans un rôle parodique de « héros à l’ancienne », semble s’amuser, mais n’a que peu d’espace pour exister. Le montage est frénétique, le ton survolté, et l’écriture semble tenir sur un post-it griffonné pendant une LAN party.

Un phénomène de salle qui éclipse le film

Plus que le film lui-même, c’est une scène devenue virale qui a fait parler de Minecraft, le film. Lorsqu’un bébé zombie surgit sur le dos d’une poule — un « Chicken Jockey », référence bien connue des joueurs —, des groupes de spectateurs se sont mis à crier la réplique en salle, lançant pop-corn et gobelets en l’air. Des vidéos TikTok de ces réactions ont rapidement circulé, créant un phénomène international. Plusieurs cinémas américains et britanniques ont dû renforcer leur sécurité, voire suspendre les projections.

Ce chaos en salle dit beaucoup du rapport entre certaines œuvres et leur public aujourd’hui. Le film devient prétexte à la performance collective, à l’expérience partagée plus qu’à la narration. Jared Hess s’est dit « amusé » par le phénomène. Mais pour les autres spectateurs — et les exploitants —, l’expérience est moins drôle.

Au final, Minecraft, le film n’est ni un ratage complet, ni une réussite marquante. C’est un objet pop taillé pour TikTok, incapable de dépasser sa nature de produit dérivé. Il fera rire les plus jeunes et les fans du jeu, mais laissera les autres sur le bas-côté, en quête d’une vraie histoire.

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