Cinquième volet de la franchise à succès, Les Tuche 5 emmène la famille la plus franchouillarde du cinéma français de Bouzolles jusqu’en Angleterre. C’est Jean-Paul Rouve lui-même, dans le rôle de Jeff mais aussi à la réalisation, qui reprend les commandes pour ce nouvel épisode. À la clé : immersion dans les codes britanniques, parodie de la monarchie, et recyclage assumé d’un humour qui n’a pas bougé d’un poil depuis le premier film sorti en 2011.
Toujours la même frite, mais moins de croustillant
Le prétexte au voyage est mince : Jiji, le petit-fils, est sélectionné pour intégrer un prestigieux centre de formation londonien. L’occasion est trop belle pour Jeff et Cathy de découvrir l’Angleterre, accompagnés de toute la tribu. Dès leur arrivée à Londres, les Tuches enchaînent les maladresses et les quiproquos, jusqu’à atterrir au palais de Buckingham, où l’on croise des sosies à peine caricaturés du roi Charles et de Camilla.
Le film aligne les gags sur les différences culturelles entre la France populaire et l’Angleterre aristocratique. Les jeux de mots sont parfois drôles, souvent appuyés, toujours dans le registre de l’humour potache. Cathy apprend à la reine comment nettoyer les vitres avec du papier journal, Jeff confond le protocole royal avec les règles de son PMU local, et Wilfried trouve sa place dans la garde royale. L’ensemble repose sur une mécanique rodée : une scène = un gag = une vanne, sans qu’il n’y ait de progression narrative ou d’enjeu réel.
Un Jeff Tuche plus discret, une réalisation appliquée
Jean-Paul Rouve, en endossant pour la première fois la mise en scène, signe un film rythmé, plus propre que les précédents sur le plan formel. Le montage est nerveux, l’image léchée, les décors anglais bien exploités. Mais le personnage de Jeff, moteur comique historique de la saga, semble s’effacer. Rouve se donne moins à fond que dans les opus précédents, peut-être pris par la logistique de la réalisation. Résultat : le personnage perd en intensité, et laisse à d’autres, notamment Mamie Suze ou Donald, le soin d’assurer les éclats de rire.
Le film ne cherche jamais à renouveler ses effets, ni à surprendre. Il déroule sa recette avec une fidélité presque scolaire à l’univers Tuche : les bons sentiments, les fautes de français assumées, les beignets au sucre. La satire sociale des premiers épisodes est ici à peine esquissée, au profit d’un empilement de clichés britanniques, traités sans méchanceté mais sans grande finesse non plus.