Les États-Unis condamnent avec virulence une nouvelle frappe meurtrière russe en Ukraine

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Washington a dénoncé dimanche une attaque russe ayant causé la mort de plusieurs civils en Ukraine, pointant une « escalade inadmissible » dans un conflit qui s’enlise. Le ton monte entre les puissances occidentales et Moscou, alors que les frappes russes se multiplient sur des zones résidentielles.

Une nouvelle salve de missiles russes s’est abattue samedi sur la ville de Tchernihiv, au nord de l’Ukraine, provoquant la mort d’au moins 18 personnes, selon un bilan communiqué par les autorités locales. Parmi les victimes figurent plusieurs femmes et enfants, touchés alors qu’ils se trouvaient dans un marché très fréquenté en fin de matinée. La frappe a également fait une cinquantaine de blessés et détruit de nombreux bâtiments civils.

Le département d’État américain a vivement réagi dans la soirée, dénonçant une attaque « barbare et injustifiée ». « La Russie dépasse une nouvelle fois les limites de la décence et du droit international », a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine, ajoutant que « ces actes doivent être documentés et feront l’objet de poursuites ».

Une intensification des bombardements russes

Depuis le début du mois d’avril, les forces russes ont considérablement accru leurs frappes sur les infrastructures civiles, en particulier dans le nord et l’est du pays. Kiev accuse Moscou de cibler délibérément des zones à forte densité de population afin de semer la terreur. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux : « Ce n’était ni une base militaire, ni un dépôt d’armes. C’était un marché. Des gens ordinaires y faisaient leurs courses. La Russie doit répondre de ses crimes. »

Ces accusations interviennent alors que l’Ukraine réclame depuis plusieurs semaines un renforcement urgent de l’aide occidentale, notamment en munitions et en systèmes de défense antiaérienne. « Chaque retard coûte des vies », a martelé Zelensky lors d’une conférence de presse tenue dimanche à Kiev.

L’Occident appelé à réagir

La Maison-Blanche a confirmé que Joe Biden s’était entretenu dans la soirée avec les dirigeants du G7 afin de coordonner une réponse commune. Un nouveau train de sanctions contre l’industrie militaire russe pourrait être annoncé dans les prochains jours. Dans un communiqué, le président américain a déclaré : « Nous ne resterons pas les bras croisés face à l’horreur. »

De son côté, l’Union européenne a exprimé sa « consternation » et appelé à un renforcement de l’aide humanitaire. « L’attaque de Tchernihiv est une nouvelle preuve que le régime de Vladimir Poutine n’a aucun respect pour les vies humaines », a réagi Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.

Moscou reste silencieux

À Moscou, les autorités n’ont pas commenté cette frappe. Le Kremlin s’en tient à sa ligne de communication habituelle, affirmant que les cibles visées sont strictement militaires. Cette version est toutefois contredite par les images diffusées sur les réseaux sociaux, où l’on voit des commerces en feu, des civils évacués en urgence et des secouristes en action au milieu des décombres.

Depuis le début de l’invasion en février 2022, la Russie a été accusée à de multiples reprises de crimes de guerre. La Cour pénale internationale a d’ailleurs émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine en mars 2023 pour la déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie.

Un tournant dans la guerre ?

Cette nouvelle attaque pourrait marquer un tournant, tant sur le plan militaire que diplomatique. Plusieurs analystes estiment que Moscou cherche à tester la détermination occidentale dans un contexte de tensions croissantes à l’échelle mondiale. « C’est une stratégie de saturation émotionnelle : plus l’horreur est banalisée, plus elle devient invisible », explique Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques.

En Ukraine, l’angoisse demeure. À Tchernihiv, les habitants tentaient dimanche de déblayer les décombres à la main, dans un silence pesant. « On croyait avoir survécu au pire l’an dernier. On se rend compte que ça ne fait que recommencer », souffle un père de famille, le visage couvert de poussière.

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