L’AMF a annoncé qu’elle ne participerait pas à la conférence sur les finances publiques organisée ce mardi à Matignon. L’association dénonce une “séquence de communication” et fustige l’absence de véritable dialogue sur les efforts budgétaires demandés aux collectivités locales.
C’est une fin de non-recevoir. Dans un communiqué publié lundi 14 avril, l’Association des maires de France (AMF) a fait savoir qu’elle ne se rendrait pas à la conférence sur les finances publiques, prévue le lendemain à l’invitation du Haut-commissaire au Plan, François Bayrou. Une réunion pourtant présentée comme un moment clé de concertation sur les économies à réaliser pour réduire le déficit public en 2026.
Mais pour l’AMF, cette conférence n’a rien d’un véritable échange. Elle dénonce “une séquence de communication” gouvernementale et critique l’opacité de la préparation. “Aucun ordre du jour, aucun document de travail, aucun chiffrage n’a été adressé aux participants à la veille de la réunion”, écrit l’association, présidée par David Lisnard, maire de Cannes (LR). “Dans ces conditions, notre présence relèverait de la figuration.”
8 milliards d’économies en ligne de mire
Selon les informations de plusieurs médias économiques, le gouvernement envisage de demander 8 milliards d’euros d’économies supplémentaires aux collectivités territoriales dès l’an prochain, en plus des 2,2 milliards déjà actés dans le budget 2025. Un effort global de 40 milliards d’euros est attendu pour ramener le déficit public de 5,4 % à 4,6 % du PIB.
Des chiffres que les élus locaux redoutent, d’autant que les marges de manœuvre des communes et intercommunalités se réduisent. “On ne peut pas en permanence demander aux maires de faire plus avec moins”, réagit un élu local, contacté par nos soins. “Et tout ça sans même qu’on nous expose les bases de calcul ? C’est du mépris.”
Une fracture entre l’État et les territoires
Le boycott de l’AMF illustre une fracture plus large entre l’État central et les élus de terrain. Depuis plusieurs années, ces derniers dénoncent une recentralisation rampante des décisions budgétaires, avec pour corollaire une déresponsabilisation croissante des collectivités dans les grands arbitrages financiers.
“Il est temps de remettre à plat les relations entre l’État et les collectivités locales”, plaide David Lisnard. “Nous ne sommes pas des sous-traitants. La démocratie locale mérite le respect, surtout quand on parle d’argent public.”
L’AMF se dit toutefois disposée à participer à une “démarche constructive” si elle repose sur une réelle préparation et une volonté de co-construction. Une position également partagée par d’autres associations d’élus, comme Régions de France ou l’ADF (Départements de France), qui réclament elles aussi plus de visibilité sur les décisions budgétaires à venir.
Matignon maintient le cap
Du côté du gouvernement, on assure que la conférence se tiendra comme prévu. François Bayrou, missionné par le Premier ministre pour “réengager un dialogue structurant” avec les acteurs de la dépense publique, espère malgré tout que les absents rejoindront la discussion “dans un second temps”.
Mais le rendez-vous commence mal. Et l’absence des maires, en première ligne des services publics de proximité, envoie un signal clair : les collectivités locales entendent désormais peser davantage dans les arbitrages budgétaires — et ne plus jouer le rôle de simples exécutants.