Harvard dans le viseur de Donald Trump : 2,2 milliards de dollars d’aides gelés

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L’administration Trump a suspendu les subventions fédérales destinées à la prestigieuse université, accusée de ne pas coopérer sur plusieurs directives politiques. Un nouvel épisode dans la guerre culturelle que mène la Maison-Blanche contre les institutions académiques.

L’université de Harvard est-elle devenue l’ennemie idéologique de la Maison-Blanche ? Le président américain Donald Trump a annoncé, lundi 14 avril, le gel immédiat de 2,2 milliards de dollars de financements fédéraux destinés à l’université de Cambridge (Massachusetts). En cause : le refus persistant de l’établissement de se conformer à plusieurs injonctions politiques émises ces derniers mois par l’administration républicaine.

« Harvard refuse d’appliquer les principes fondamentaux de la démocratie américaine, elle ne mérite pas l’argent du contribuable », a déclaré Donald Trump lors d’un déplacement en Floride. « Nous ne financerons pas des institutions qui protègent les extrémistes, censurent les voix patriotes et refusent de coopérer avec les lois du pays. »

Des exigences jugées liberticides par l’université

Depuis plusieurs semaines, la tension montait entre Harvard et le Département de l’Éducation, désormais dirigé par une proche alliée de Donald Trump, l’ancienne sénatrice Marjorie Taylor Greene. Selon un communiqué officiel publié lundi soir, l’université aurait refusé à plusieurs reprises de réviser ses politiques de diversité, de restreindre la reconnaissance de groupes étudiants pro-palestiniens, et de transmettre certaines informations sur les étudiants étrangers aux autorités migratoires.

Harvard dénonce une attaque sans précédent contre son indépendance. « Nous défendrons, avec détermination, les principes d’autonomie académique, de liberté d’expression et de diversité qui font l’identité de notre université », a réagi le président par intérim de l’établissement, Alan Garber. « Ce chantage politique menace les fondements même de l’enseignement supérieur libre et critique. »

L’université, qui dispose du plus important fonds de dotation au monde (estimé à 53 milliards de dollars), précise néanmoins que la majorité de ces fonds sont alloués à des usages ciblés et ne peuvent compenser l’absence brutale de financement public. Des programmes de recherche, de bourses et de coopération médicale pourraient être suspendus dans les mois à venir, selon les responsables de l’administration.

Une bataille politique à l’approche de la présidentielle

Cette décision survient dans un contexte électoral tendu, alors que Donald Trump fait de la lutte contre ce qu’il appelle les « dérives woke » une pièce maîtresse de sa campagne pour un second mandat. Les universités d’élite, et Harvard en tête, sont régulièrement désignées comme des bastions de la gauche libérale, accusées de « formater » la jeunesse américaine.

L’opposition démocrate a vivement réagi. La sénatrice Elizabeth Warren, ancienne professeure à Harvard, dénonce « une instrumentalisation de l’appareil d’État à des fins de propagande politique ». Le président du comité de l’Éducation au Congrès, le représentant démocrate Jamaal Bowman, a annoncé vouloir ouvrir une enquête parlementaire sur ce qu’il qualifie de « représailles abusives contre une institution indépendante ».

L’affaire Harvard s’inscrit dans une série de confrontations ouvertes entre le pouvoir fédéral et plusieurs campus universitaires, souvent accusés par la droite trumpiste de « complicité avec les causes anti-américaines », notamment dans le contexte des manifestations pro-palestiniennes depuis l’automne 2024.

Alors que les recours juridiques s’organisent, Harvard pourrait devenir le symbole d’une bataille plus large pour l’avenir des libertés académiques aux États-Unis.

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