L’administration Trump a officiellement fermé le Centre d’engagement global, entité du Département d’État chargée de contrer la propagande étrangère. Une décision qui suscite l’inquiétude des élus et des spécialistes, alors que les campagnes de manipulation de l’information se multiplient à l’approche de l’élection présidentielle.
L’administration Trump a officiellement annoncé la fermeture définitive du bureau chargé de la lutte contre la désinformation étrangère au sein du Département d’État.
Cette décision marque la fin du Centre d’engagement global (Global Engagement Center, GEC), une entité créée en 2016 pour contrer les campagnes de propagande menées par des puissances étrangères telles que la Russie et la Chine.
Le secrétaire d’État Marco Rubio a justifié cette mesure en affirmant que le GEC « dépensait plus de 50 millions de dollars par an pour censurer des voix américaines », estimant que ses actions allaient à l’encontre des principes fondamentaux des États-Unis. Il a également annoncé le transfert des ressources du GEC vers une nouvelle entité, le Counter Foreign Information Manipulation and Interference Hub, dirigée par des personnalités controversées pour leurs positions extrémistes passées.
Une décision idéologique plus que stratégique ?
Cette fermeture s’inscrit dans le cadre d’une série de mesures prises par l’administration Trump visant à réduire la taille du gouvernement fédéral et à réorienter ses priorités. En parallèle, des agences telles que Voice of America et Radio Free Europe ont vu leurs budgets drastiquement réduits, voire supprimés, suscitant des inquiétudes quant à la capacité des États-Unis à contrer la propagande étrangère et à promouvoir la liberté d’expression à l’échelle mondiale.
Des critiques, tant du côté démocrate que républicain, ont exprimé leur préoccupation face à cette décision. Le sénateur Chris Murphy (D-Conn.) a déclaré que « la fermeture du GEC affaiblit la sécurité nationale des États-Unis et encourage les adversaires comme la Russie et la Chine à intensifier leurs campagnes de désinformation ». De son côté, le sénateur John Cornyn (R-Texas) a souligné l’importance du GEC dans la coordination des efforts internationaux pour contrer la désinformation.
Un vide stratégique à l’heure des grandes manœuvres numériques
Cette décision intervient également dans un contexte où l’administration Trump a signé le décret exécutif 14149, intitulé Restaurer la liberté d’expression et mettre fin à la censure fédérale, visant à interdire l’utilisation de ressources publiques pour des activités perçues comme de la censure. Des experts en désinformation ont averti que cette mesure pourrait faciliter la propagation de fausses informations sur les réseaux sociaux et affaiblir la capacité des États-Unis à répondre aux menaces informationnelles.
Alors que le GEC avait joué un rôle clé dans la détection et la dénonciation de campagnes de désinformation, notamment en Afrique, sa disparition laisse un vide dans la stratégie américaine de lutte contre les manipulations informationnelles étrangères. Les observateurs craignent que cette décision n’envoie un signal aux régimes autoritaires, leur laissant le champ libre pour intensifier leurs efforts de propagande sans opposition significative de la part des États-Unis.