Le conseil régional de discipline des avocats du barreau de Paris a tranché : Me Nadia El Bouroumi écope d’une suspension d’un an, entièrement assortie du sursis. Une sanction disciplinaire qui clôt un épisode controversé, survenu lors du très médiatisé procès Pélicot, et qui avait provoqué de vives réactions dans le monde judiciaire.
L’avocate parisienne était poursuivie pour « manquements à la déontologie », après plusieurs incidents survenus à l’audience, parmi lesquels des propos jugés déplacés à l’égard de parties civiles, des interruptions répétées du président de la cour et une attitude qualifiée par ses pairs d’« outrancière ». La décision a été rendue publique ce jeudi 24 avril en fin d’après-midi.
Une défense clivante dans un procès sous tension
Durant le procès Pélicot, qui s’était tenu à huis clos en mars dernier en raison de la minorité de certaines victimes, Me El Bouroumi assurait la défense de l’un des accusés, poursuivi pour agressions sexuelles aggravées. Son style offensif et ses déclarations en dehors de l’audience avaient suscité de vifs débats sur la place et les limites de la défense pénale.
« Ce procès est politique, et on veut faire taire les avocats qui bousculent le système », avait-elle déclaré à la sortie du tribunal, après une suspension d’audience décidée par la présidente en raison d’échanges houleux. Plusieurs associations de défense des droits des victimes avaient dénoncé une posture « violente et intimidante ».
Un sursis qui évite l’interdiction d’exercer
Dans sa décision, le conseil de discipline reconnaît « l’engagement d’une avocate auprès d’un client dans une situation extrêmement difficile », mais pointe un « comportement incompatible avec les exigences de respect dues à la cour et aux autres parties ». La sanction d’un an avec sursis permet à Me El Bouroumi de poursuivre son activité, tout en l’obligeant à ne pas récidiver.
Contactée par téléphone, l’avocate s’est dite « soulagée » mais « révoltée par un verdict qui montre que la parole de la défense est sous contrôle politique ». Elle a annoncé son intention de faire appel devant la cour d’appel de Paris, qui pourra statuer sur la proportionnalité de la sanction.
Une figure médiatique controversée
Révélée au grand public par sa participation à plusieurs procès sensibles — notamment dans des affaires de violences policières ou de terrorisme — Nadia El Bouroumi est devenue une figure médiatique clivante. Pour ses soutiens, elle incarne une défense combative et sans concession ; pour ses détracteurs, elle franchit trop souvent les lignes rouges de la déontologie.
Le barreau de Paris, dans un communiqué, a rappelé son attachement « à la liberté de la défense, condition essentielle d’un procès équitable », tout en soulignant que cette liberté « s’exerce dans le cadre du respect dû aux institutions judiciaires ».