Jean-Pierre Améris réunit Gérard Darmon et Valérie Lemercier dans une tentative de feel-good movie sur la fin de vie. Une idée audacieuse ? Sur le papier, oui. Sur l’écran, beaucoup moins.
On aurait aimé l’aimer, ce Aimons-nous vivants. Rien que le titre, emprunté à la chanson culte de François Valéry, promettait un mélange de nostalgie, de tendresse et de grandes émotions. Le pitch aussi avait de quoi intriguer : Antoine Toussaint (Gérard Darmon), ex-star de la chanson cabossée par la vie, décide de partir en Suisse pour y mourir dignement. Dans le train, il tombe sur Victoire (Valérie Lemercier), ouragan de vie et d’exubérance, qui va se mêler de ce qui ne la regarde pas. La rencontre improbable entre un homme décidé à mourir et une femme incapable de laisser quelqu’un sombrer.
Une mécanique bien huilée, trop huilée
Problème : dès les premières scènes, le film avance sur des rails qu’on connaît par cœur. Le misanthrope mutique. La fantasque sauveuse. Le trajet initiatique. Les arrêts imprévus. Les confidences. Les silences. Puis la lumière. Le tout emballé dans une mise en scène propre, douce, mais sans audace. Tout est là — sauf l’émotion.
Darmon et Lemercier, un couple en déconnexion
On aurait pu espérer que le duo Darmon/Lemercier fasse des étincelles. Malheureusement, ça grince. Lui cabotine en star désabusée, elle surjoue une vitalité un peu datée. L’alchimie n’opère jamais, et les dialogues, souvent écrits à la truelle, n’aident pas : “Tu veux mourir, moi je veux t’aimer”… vraiment ?
Le plus gênant reste le ton du film, coincé entre gravité feutrée et légèreté de surface. Aborder l’aide à mourir par la comédie romantique, pourquoi pas ? Mais encore faut-il oser la complexité, le doute, les failles. Aimons-nous vivants préfère les bons sentiments. Et à la fin, on n’y croit plus. Ni à la romance, ni à la résilience.
Une bande-son pour sauver le tout ?
Reste une BO soignée, quelques moments suspendus dans des paysages alpins, et une poignée de seconds rôles bien sentis. Trop peu pour ranimer un film qui, malgré ses promesses, s’essouffle très vite.


