Qui est le cardinal Sarah que les traditionalistes rêvent de voir pape ?

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Le Cardinal Sarah - photo twitter

À l’approche d’un futur conclave, le nom du cardinal guinéen revient avec insistance chez les catholiques les plus attachés à la tradition. Portrait du cardinal Sarah, une figure clivante.

Lorsque l’on évoque les figures susceptibles de succéder au pape François, un nom revient systématiquement dans les cercles traditionalistes : Robert Sarah. À 79 ans, le cardinal guinéen incarne pour beaucoup le rêve d’un retour à une Église plus fidèle à son passé, en rupture avec les évolutions pastorales engagées depuis le concile Vatican II.

De la Guinée à Rome

Né en 1945 dans le village d’Ourous, en Guinée, au sein d’une famille récemment convertie au christianisme, Robert Sarah entre très jeune au petit séminaire. Après des études à Conakry, à Bingerville en Côte d’Ivoire, puis à Rome et à Jérusalem, il est ordonné prêtre en 1969. Dix ans plus tard, à seulement 34 ans, il est nommé archevêque de Conakry par le pape Jean-Paul II.

Dans un contexte de dictature marxiste sous Sékou Touré, Sarah se fait remarquer pour sa défense courageuse de la liberté religieuse. Il incarne dès ses jeunes années une foi indéfectible, profondément enracinée dans le magistère catholique. En 2001, Rome l’appelle : il devient secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, avant d’être créé cardinal par Benoît XVI en 2010.

Le cardinal Sarah, symbole de la fidélité doctrinale

En 2014, le pape François nomme le Cardinal Sarah préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, l’un des postes les plus sensibles de la Curie romaine. Robert Sarah s’impose alors comme l’un des porte-étendards du conservatisme au sein du Vatican, multipliant les interventions en faveur de la liturgie traditionnelle.

Il défend la messe célébrée ad orientem (tournée vers l’autel) et milite pour une limitation de la communion dans la main. Ses ouvrages, notamment Dieu ou rien (2015) et Le soir approche et déjà le jour baisse (2019), connaissent un vif succès auprès des fidèles conservateurs. Le cardinal Sarah y dénonce la « dictature du relativisme », les compromissions de l’Occident et l’effacement des racines chrétiennes dans la modernité.

Des polémiques récurrentes

La notoriété grandissante de Robert Sarah s’accompagne de plusieurs polémiques. Sa ligne inflexible sur des sujets tels que l’homosexualité, la communion des divorcés remariés ou l’immigration le place souvent en décalage avec les priorités pastorales du pape François. En 2020, il est au cœur d’une controverse après la publication d’un livre co-signé avec Benoît XVI, défendant le célibat sacerdotal au moment où François s’interrogeait sur des assouplissements pour certaines régions d’Amazonie.

Officiellement, le pape lui a demandé sa démission en février 2021, atteignant la limite d’âge de 75 ans pour les chefs de dicastères. Mais beaucoup y ont vu une volonté de marginaliser une voix trop discordante. Depuis, Robert Sarah demeure une figure de référence pour les catholiques opposés à certaines réformes du pontificat actuel.

Un favori, mais un favori improbable

Dans les cercles traditionnalistes, nombreux sont ceux qui rêvent de voir l’Église confiée à Robert Sarah. Sa stature morale, sa fidélité doctrinale, son expérience à Rome et sa capacité à incarner une Église missionnaire séduisent bien au-delà du continent africain.

Cependant, ses chances d’être élu pape apparaissent limitées. D’une part, la majorité des cardinaux électeurs a été nommée par François, qui a favorisé des profils plus ouverts. D’autre part, à 79 ans, Sarah serait un pape de transition, alors que beaucoup aspirent à une figure plus jeune pour gouverner une Église confrontée à des défis immenses.

Enfin, sa réputation de raideur et son positionnement parfois perçu comme provocateur pourraient susciter des réticences parmi les cardinaux soucieux d’unité.

Une voix qui pèsera dans le conclave

Même s’il ne franchit pas le seuil du trône de Pierre, le cardinal Sarah pèsera sur l’élection à venir. Par son influence sur l’aile conservatrice du Sacré Collège, par le réseau qu’il a su constituer, et par la pression qu’exercent déjà ses partisans.

À travers lui, c’est toute une vision de l’Église qui continue de se battre pour peser sur son avenir. Une Église missionnaire, enracinée dans la tradition, méfiante envers les compromis contemporains.

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