La France a décidé de saisir la Cour internationale de justice (CIJ) pour dénoncer la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris, deux ressortissants français emprisonnés en Iran depuis plus de trois ans. Une décision qui marque un tournant diplomatique.
Ce vendredi 16 mai, la France a officiellement déposé plainte contre l’Iran devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour « violation de son obligation de donner droit à la protection consulaire ». Une initiative annoncée par Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, lors d’une intervention sur France 2. Une démarche rare, qui traduit l’exaspération de Paris face à l’absence de progrès dans la libération de ses deux ressortissants.
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Accusés d’espionnage par Téhéran, Cécile Kohler, enseignante de 40 ans, et Jacques Paris, 72 ans, sont détenus depuis le 7 mai 2022 dans la sinistre section 209 de la prison d’Evin, à Téhéran. « Ils sont soumis à des conditions de détention inhumaines, proches de la torture », dénonce Noémie Kohler, la sœur de Cécile, qui mène la mobilisation en France.
Des conditions de détention insoutenables
Lumière allumée 24 heures sur 24, sorties limitées à 30 minutes deux ou trois fois par semaine, appels sous haute surveillance : les deux Français vivent un enfer carcéral. Selon leurs proches, la santé physique et mentale de Cécile et Jacques se détériore. « Ils passent sans cesse de l’espoir au désespoir, c’est un supplice psychologique », confie Noémie Kohler.
La diplomatie des otages dénoncée « nous ne céderons pas »
Face à l’inaction de Téhéran, Paris hausse le ton. « Nous ne céderons pas », a insisté Jean-Noël Barrot, qui accuse l’Iran de pratiquer une véritable « diplomatie des otages », en utilisant ses prisonniers pour faire pression sur les puissances occidentales. Un mécanisme que les chancelleries européennes dénoncent depuis des années.
La plainte déposée devant la CIJ vise à obtenir la reconnaissance par la justice internationale de la violation des droits de Cécile Kohler et Jacques Paris. Mais ses effets seront surtout symboliques, comme l’a reconnu Me Thierry Moser, avocat de la famille Kohler. « L’objectif, c’est de mettre la pression sur l’Iran », explique-t-il.
Une mobilisation toujours active
En France, les soutiens continuent de se mobiliser. Une quarantaine de rassemblements ont été organisés à travers le pays le 7 mai dernier. Des actions organisées pour marquer les trois ans de détention des deux otages. « Ils doivent savoir qu’on ne les oublie pas », martèle Noémie Kohler.
Les familles des deux prisonniers espèrent que la saisie de la CIJ permettra de relancer les discussions diplomatiques. Mais l’Iran n’a pour l’instant montré aucun signe d’ouverture. « Nous restons déterminés », assure Jean-Noël Barrot.