Alors que VivaTech s’apprête à ouvrir ses portes le 11 juin à Paris, plusieurs régions françaises se préparent à y faire entendre leur voix. Objectif : affirmer leur rôle dans l’écosystème tech, face aux géants de l’intelligence artificielle et aux mastodontes internationaux.
La scène est presque toujours monopolisée par les têtes d’affiche. Cette année encore, Nvidia, Anthropic ou encore Amazon devraient attirer l’attention des visiteurs et des médias à VivaTech. Mais en coulisses, un autre front se prépare. Celui des régions françaises, bien décidées à faire de l’édition 2025 un tremplin pour leurs jeunes pousses.
Le Centre-Val de Loire prévoit un stand de 144 m², financé à hauteur de 250 000 euros. Il accueillera huit start-up sélectionnées parmi 25 dossiers. De son côté, la région Grand Est organise la venue d’une trentaine d’entreprises, avec l’appui de Grand E-Nov+ et de l’Eurométropole de Strasbourg, qui participe pour la première fois avec un stand institutionnel.
Miser sur VivaTech malgré les restrictions budgétaires
Dans un contexte où les budgets publics se resserrent, ces investissements ne vont pas de soi. Mais pour les exécutifs régionaux, VivaTech reste une vitrine incontournable. « C’est l’événement qui permet à une start-up de croiser en deux jours plus d’investisseurs et de prospects qu’en six mois sur le terrain », explique Sophie Leblanc, en charge de l’attractivité économique au sein du Centre-Val de Loire.
En amont du salon, les régions mettent en place un accompagnement renforcé. Formations à la prise de parole, coaching pour les pitchs, médiatisation, appui en relations presse… L’enjeu est double : promouvoir l’écosystème régional, tout en maximisant les retombées concrètes pour les entreprises exposantes.
Une alternative à l’innovation hors-sol
Le slogan choisi par la région Centre-Val de Loire — « Tech care of humanity » — résume bien la stratégie affichée. Face à une IA perçue comme opaque ou inquiétante, les territoires veulent défendre une technologie utile, concrète, ancrée dans les besoins humains. Parmi les start-up retenues : Coline.care (suivi post-cancer du sein), Altyor (électronique responsable) ou encore Cogeprint (reconversion industrielle par l’innovation).
À Strasbourg, la sélection mise sur la cybersécurité, la santé et l’énergie, en cohérence avec les priorités de l’Eurométropole. « Nous voulons démontrer qu’un autre modèle est possible, fondé sur des usages sobres, des partenariats locaux et une coopération européenne », souligne Amélie Millot, responsable innovation au sein de la collectivité.
Des ambitions inégales selon les territoires
À quelques jours de l’ouverture, les stratégies régionales restent contrastées. Certaines collectivités misent sur une forte visibilité, d’autres privilégient une présence plus discrète ou individuelle via la French Tech. « L’enjeu, ce n’est pas d’être plus gros que les GAFA, mais d’exister », résume un chargé de mission à Reims.
Car derrière l’opération de communication se joue aussi une bataille d’influence. Attirer l’attention des fonds, crédibiliser les filières régionales, renforcer l’image d’un territoire innovant : autant d’objectifs que les élus espèrent atteindre, à l’heure où la décentralisation économique redevient un enjeu national.