Rafael Nadal, grave son empreinte sur la terre de Roland-Garros

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©Corinne Dubreuil / FFT

Rafael Nadal a fait ses adieux à Roland-Garros dans une cérémonie aussi solennelle qu’émouvante. Le tournoi lui a rendu hommage comme à un roi, scellant définitivement une histoire d’amour de vingt ans entre un homme et un lieu.

Le rideau est tombé sur l’un des chapitres les plus glorieux de l’histoire du tennis. Rafael Nadal, le roi incontesté de la terre battue, a fait ses adieux à Roland-Garros dans une cérémonie à la hauteur de sa légende. Ce 25 mai 2025 restera gravé dans la mémoire collective : un dernier hommage vibrant, une empreinte scellée à jamais dans l’ocre du court Philippe-Chatrier, et l’ultime révérence d’un géant.

Une cérémonie bouleversante

« Vous m’avez fait sentir comme un Français de plus », a lancé Nadal, la voix tremblante, devant 15 000 spectateurs émus et debout. En costume sombre, le Majorquin est apparu, cette fois sans raquette, pour recevoir l’hommage d’un tournoi qu’il a dominé pendant deux décennies. De Federer à Djokovic, de Murray à Swiatek, les plus grands avaient fait le déplacement pour assister à cette cérémonie méticuleusement préparée. Dans les tribunes, ses proches, ses entraîneurs, ses deux grands-mères âgées de 92 et 94 ans, et les anonymes de Roland, salués un à un. « Cela a été une histoire incroyable », a-t-il déclaré, en français, anglais et espagnol.

Son empreinte, littéralement, a été gravée dans le sol du Central. Une plaque avec la marque de son pied, le chiffre 14 et une coupe des Mousquetaires. Après la statue installée en 2021, c’est un autre symbole de son ancrage dans l’histoire du tournoi.

Une domination sans égale

Roland-Garros, c’est 14 titres en 19 participations, 112 victoires pour seulement 4 défaites, une longévité inédite dans un sport où l’usure fait loi. « Le battre là-bas a été la seule chose impossible dans un sport où tout est possible », résume Boris Becker. Pour Djokovic, souvent son rival malheureux à Paris, « jouer Rafa ici, c’est l’un des plus grands défis du tennis ». Une légende de chiffres, mais aussi de sensations : son lift ravageur, ses courses éreintantes, ses injections pour masquer la douleur, son corps usé mais toujours combatif.

Rafael Nadal n’a pas seulement marqué une époque : il l’a redéfinie. « Nadal était un ouragan, un gladiateur, un fascinant Minotaure », écrit Le Figaro. Il a imposé ses codes, ses routines, son mental. Il a aussi su résister aux épreuves : blessures, accusations, défaites, toujours surmontées par un retour plus fort, plus puissant, plus humain.

Une relation fusionnelle avec Paris

Nadal n’est pas Français. Mais à Paris, il a été adopté. « Le public a appris à connaître le mec, sa simplicité, sa chaleur humaine », note François Thomazeau. Rarement un joueur étranger aura suscité autant d’attachement. Jusqu’à la flamme olympique, transmise par Zidane en 2024, moment suspendu où l’Espagne et la France se sont confondues dans un même élan.

C’est d’ailleurs à Paris que l’ultime chapitre s’est écrit. Éliminé prématurément en 2024, puis contraint à la retraite en fin d’année, Nadal a refusé un hommage l’an passé. « Je n’étais pas prêt à ne plus jouer ici », expliquait-il. Cette année, il a dit oui. Avec pudeur, élégance, sincérité.

Et maintenant ?

Le joueur a tiré sa révérence, mais l’homme reste. Ambassadeur de son académie, entrepreneur, passionné de golf, Nadal s’est reconverti sans fracas. À Roland-Garros, il continuera d’exister à travers sa statue, son empreinte, son musée, mais surtout dans la mémoire d’un public qui ne l’oubliera jamais.

« On n’a pas l’impression qu’un autre joueur pourra en gagner cinq ici », conclut Thomazeau. La page est tournée. Une nouvelle ère s’ouvre. Mais Rafael Nadal, lui, reste à jamais le maître de la terre battue.

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