« Mon Master » : premiers résultats, premières désillusions

Depuis lundi, les quelque 250 000 candidats à un master découvrent les premiers résultats d’admission sur la plateforme Mon Master. S’ils étaient censés simplifier l’orientation, les débuts de cette phase révèlent plutôt un système sous tension, entre frustrations, stress et débrouille.

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Les résultats de la plateforme Mon Master sont tombés ce lundi 2 juin.

« Une seule réponse positive, le master que je voulais ». Le message posté par un étudiant sur X illustre bien l’ascenseur émotionnel qu’est devenu le processus de sélection en master. Comme lui, des centaines de milliers d’étudiants ont vu s’ouvrir lundi 2 juin la phase d’admission sur la plateforme Mon Master.

« 756e sur liste d’attente »

La plupart des candidats n’ont pas obtenu de réponse claire. Beaucoup se retrouvent sur liste d’attente, à guetter l’évolution quotidienne de leur rang. « Rang 34, dernier admis l’année dernière 33. J’y crois encore », confie un étudiant au Figaro Étudiant. D’autres, relégués à des rangs lointains, ironisent sur leur sort : « 756e sur liste d’attente, mais j’ai espoir ».

Le processus, censé fluidifier et clarifier l’accès aux 8 100 parcours de master publics ou conventionnés, produit à l’inverse un climat de tension croissante. Entre la gestion des listes, les choix à confirmer chaque jour et les délais restreints, les étudiants vivent sous pression. « C’est vraiment stressant, mais j’essaie de relativiser », explique Noémie, étudiante en licence information-communication, citée par L’Étudiant.

Un marathon administratif épuisant

À ce stress s’ajoute la lourdeur d’une procédure centralisée mais toujours exigeante. Dans Le Monde, une étudiante raconte avoir déposé 23 dossiers distincts, chacun avec lettre de motivation, CV, projet professionnel, parfois même un projet de recherche personnalisé. « J’ai fini lessivée. J’avais l’impression de passer un concours tous les jours », confie-t-elle.

Les étudiants en double licence, en Erasmus, ou ceux cumulant études et emploi sont particulièrement touchés. Le manque de lisibilité des critères d’admission renforce leur sentiment d’impuissance. « Quelle importance ont les jobs étudiants ou l’engagement associatif ? On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé », résume Amalia, étudiante à Nantes.

Les refus massifs, nouvelle norme

Nombreux sont ceux qui découvrent avec amertume que même leurs « vœux de sécurité » ne les sécurisent plus. « Mon Master devient Mon Cauchemar », lit-on sur les réseaux sociaux. Pour certains, c’est l’exclusion pure et simple : pas de proposition, peu d’espoir, et un sentiment d’abandon face à une sélection opaque. Le recours au rectorat – possible dès le 30 juin – reste un dernier filet pour les plus déterminés.

Certains étudiants, comme Clara, refusée partout sauf en liste d’attente, gardent foi dans les phases complémentaires à venir. D’autres envisagent déjà une année de césure, des prépas privées ou un retour en L3 pour retenter leur chance dans un an. Tous ne baisseront pas les bras. Mais le coût humain et psychologique est considérable.

Une plateforme révélatrice d’un malaise plus profond

Lancée en 2023, la plateforme Mon Master devait corriger les inégalités d’accès et rendre plus lisible l’offre de formation. Mais elle a aussi mis au jour une réalité déjà bien installée : un taux de tension extrême dans plusieurs filières (droit, psycho, science politique), un manque structurel de places, et une compétition accrue entre établissements… et entre étudiants.

Cette année, plus de 2,6 millions de vœux ont été enregistrés pour un peu plus de 8 000 masters. Et malgré une procédure censée simplifiée, la sélection reste brutale. À l’image d’Oxana, qui vise un master de psychologie – une filière avec parfois moins de 5 % de taux d’admission – beaucoup d’étudiants sortent brisés, désorientés, découragés.

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