Canicule : près de 200 écoles fermées en début de semaine, l’Éducation nationale dépassée par la chaleur dans les salles de classe

Environ 200 établissements scolaires doivent fermer temporairement leurs portes au début de la semaine, en raison de températures étouffantes. Le manque d’anticipation de l’Éducation nationale interroge, alors que les vagues de chaleur deviennent de plus en plus fréquentes.

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« Il faisait 34 degrés dans la classe à 9h du matin. Les enfants ne tenaient plus, certains ont vomi, d’autres pleuraient », témoigne une enseignante d’école primaire à Montpellier. Comme dans de nombreuses communes du sud de la France, les températures caniculaires enregistrées lundi et mardi ont mis à rude épreuve élèves et personnels. Au total, d’après un pointage du ministère de l’Éducation nationale communiqué à Libération, 191 écoles et collèges ont été contraints de suspendre temporairement les cours.

Des établissements peu adaptés

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il semble s’aggraver. En 2022, déjà, des fermetures avaient eu lieu en juin en raison d’un épisode similaire. Pourtant, peu d’établissements ont été équipés entre-temps pour y faire face. « On nous parle de transition écologique, mais on continue de faire cours dans des préfabriqués sans volets, sans ventilation, sans isolation », déplore une directrice d’école en Gironde.

Selon une enquête menée en 2023 par le Sénat, plus de 60 % des bâtiments scolaires en France sont des passoires thermiques, conçus pour le froid mais non adaptés aux chaleurs extrêmes. Une situation que le ministère reconnaît du bout des lèvres, tout en rappelant que « les collectivités locales sont propriétaires des bâtiments » et que l’État « accompagne les projets de rénovation via le Fonds vert ».

Les parents s’organisent seuls

Face à l’urgence, ce sont souvent les communes et les rectorats qui décident localement de fermer certains établissements. À Perpignan, Toulouse, Agen ou encore Lyon, des dizaines d’écoles maternelles et élémentaires ont ainsi suspendu leurs cours lundi et mardi. Dans certains cas, ce sont les parents eux-mêmes qui ont choisi de ne pas envoyer leurs enfants. « Mon fils de 5 ans avait des cernes à 10 heures du matin et des sueurs froides. J’ai préféré le garder à la maison », raconte une mère de famille à Bordeaux.

Les syndicats enseignants dénoncent une gestion au jour le jour. « Il n’existe aucun protocole national en cas de canicule, on nous renvoie toujours à la responsabilité des chefs d’établissement », accuse Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. « Ce n’est pas normal que des décisions de fermeture se prennent parfois à 7h du matin pour 8h30, alors que les enfants sont déjà en route. »

Un défi structurel

À quelques jours des vacances d’été, la situation soulève une nouvelle fois la question de l’adaptation des écoles au réchauffement climatique. En avril dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, avait promis un « plan bâtiment » pour les écoles, lycées et collèges. Mais aucune mesure concrète n’a encore été présentée.

« On ne peut plus considérer ces épisodes comme exceptionnels. Il faut repenser la conception même des écoles », estime l’urbaniste Claire Pontet, auteure d’un rapport sur l’adaptation des bâtiments publics au changement climatique. Selon elle, au-delà de la rénovation thermique, il faut aussi « végétaliser les cours, revoir les horaires, installer des points d’eau, des zones d’ombre… »

En attendant, la météo annonce une baisse relative des températures en milieu de semaine, mais un nouveau pic est déjà prévu dès dimanche dans le Sud-Est. Les syndicats appellent à ce que des directives claires soient données au plus vite pour les derniers jours d’école.

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