C’est un chiffre qui donne le vertige : selon le ministère ukrainien de la Défense, 477 drones Shahed et 60 missiles balistiques et de croisière ont visé le territoire ukrainien dans la nuit de vendredi à samedi. Les villes de Soumy, Dnipropetrovsk et Kharkiv ont été les plus touchées, avec des infrastructures stratégiques visées — centrales électriques, dépôts ferroviaires, centres logistiques. Une école et un hôpital auraient également été atteints, causant la mort d’au moins 38 civils, selon les autorités locales.
« Il faut agir », alerte l’ONU
Face à l’ampleur de cette attaque, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni samedi après-midi à New York à la demande de l’Ukraine. « Nous assistons à un effondrement accéléré de l’accès humanitaire dans l’est du pays », a déclaré Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires. « Des milliers de personnes sont désormais sans eau, sans électricité, sans soins. Il ne s’agit plus d’alerter : il faut agir. »
Des couloirs humanitaires qui ne fonctionnent pas
Depuis plusieurs semaines, les ONG présentes sur le terrain alertaient déjà sur les conditions de plus en plus précaires dans les zones frontalières. Cette attaque massive vient aggraver une situation déjà critique. « On a des poches entières de population qui ne reçoivent plus rien depuis plus de dix jours », témoigne un coordinateur de Médecins sans frontières, basé à Kramatorsk. « Nos équipes n’ont pas pu accéder à plusieurs localités à cause des bombardements constants. »
Le représentant ukrainien à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, a dénoncé devant le Conseil l’inefficacité des couloirs d’évacuation mis en place par les organisations internationales. « Nous avons documenté plusieurs cas où des colonnes civiles ont été bombardées alors qu’elles empruntaient les itinéraires dits sécurisés. C’est une violation flagrante du droit international. »
Pression sur l’Europe pour renforcer l’aide
Cette nouvelle escalade ravive les tensions diplomatiques, alors que la présidence belge de l’Union européenne avait justement prévu une réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles ce lundi. Selon plusieurs sources diplomatiques, des discussions sont en cours sur un nouveau paquet de sanctions ciblées contre des entreprises russes, mais aussi sur un renforcement logistique de l’aide humanitaire d’urgence.
La France, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Nicolas de Rivière, a appelé à « un accès humanitaire total, immédiat et sans entrave » et à « une enquête indépendante sur les frappes visant les structures civiles ». De son côté, la Russie a une nouvelle fois nié viser des cibles civiles, affirmant avoir « neutralisé des dépôts d’armement fournis par l’OTAN ».
Civils pris au piège, hôpitaux débordés
En Ukraine, les témoignages recueillis dans les heures qui ont suivi les frappes décrivent des scènes de panique. À Dnipro, une mère raconte avoir dormi avec ses deux enfants dans une cave inondée. « Il n’y a plus d’électricité, plus de réseau. On ne sait pas où aller, ni quoi faire. On attend. » Dans certaines zones, les hôpitaux fonctionnent désormais avec des groupes électrogènes d’appoint et rationnent les soins. Plusieurs cas de maladies hydriques ont été signalés, liés à la pénurie d’eau potable.
Selon l’ONU, plus de 6 millions d’Ukrainiens sont toujours déplacés à l’intérieur du pays, dont près d’un million dans les zones affectées par les dernières frappes.