Depuis plusieurs jours, Pékin vit au rythme des répétitions. Les avenues principales ont été fermées, des batteries de caméras installées et des milliers de soldats mobilisés. Ce mardi, à la veille de l’événement, la place Tiananmen se prépare à accueillir chars, missiles et escadrilles aériennes dans un décor grandiose. Pour les autorités chinoises, il ne s’agit pas seulement de marquer un anniversaire historique : le défilé est conçu comme un message politique et stratégique adressé au monde.
Sous les yeux du monde entier
L’événement, présenté officiellement comme un hommage à la victoire de 1945, est attendu avec une attention particulière dans les capitales occidentales. Les attachés militaires déjà présents à Pékin se tiennent prêts à observer chaque détail, chaque engin, chaque formation. Pour Xi Jinping, il s’agit de rappeler que la Chine n’est plus seulement une puissance économique, mais également un acteur militaire de premier plan. Le message vise Washington, rival assumé en Asie-Pacifique, mais aussi les voisins régionaux préoccupés par l’expansion chinoise en mer de Chine méridionale.
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La mise en scène elle-même en dit long. Uniformes impeccables, slogans patriotiques, discipline martiale : le pouvoir veut démontrer une unité nationale et un contrôle social sans faille. En toile de fond, le Parti communiste insiste sur une continuité historique, du triomphe de 1945 à l’ère Xi, symbole d’une Chine conquérante et sûre d’elle.
Un arsenal scruté à la loupe
Les spécialistes s’attendent à la présentation de missiles balistiques intercontinentaux de nouvelle génération et de drones furtifs encore jamais montrés au public. Chaque apparition sera disséquée afin de mesurer l’avancée technologique de l’armée populaire de libération. Pékin entend prouver qu’elle maîtrise désormais les domaines les plus sensibles, comme l’hypersonique ou les systèmes antimissiles. « La Chine cherche à impressionner par sa modernité, quitte à jouer sur l’ambiguïté entre prototypes et matériel opérationnel », souligne un chercheur français en stratégie asiatique.
La puissance numérique comptera aussi. Plus de 15 000 soldats devraient défiler, accompagnés de colonnes de blindés et d’artillerie lourde. Pour les observateurs étrangers, ce n’est pas seulement une vitrine d’armement : c’est une démonstration psychologique visant à dissuader toute remise en cause de l’ascension chinoise.
Le pari politique de Xi Jinping
Au-delà de la dimension militaire, l’événement est pensé comme un acte de politique intérieure. Xi Jinping prononcera un discours exaltant « le rêve chinois » et la nécessité de bâtir une armée de « premier rang mondial » d’ici 2049, date symbolique du centenaire de la République populaire. Dans un contexte de ralentissement économique et de tensions sociales, la mise en avant d’une armée disciplinée et moderne doit renforcer le patriotisme et consolider l’autorité du président.
Mais ce pari n’est pas sans risque. La multiplication des démonstrations de force accentue les inquiétudes régionales et alimente la rivalité avec Washington. Reste que pour Pékin, l’objectif est clair : montrer que la Chine n’entend plus se contenter de sa puissance économique et qu’elle revendique désormais une place de superpuissance militaire, capable de rivaliser avec les États-Unis et d’imposer son modèle au reste du monde.