C’est une annonce qui bouscule le paysage politique lyonnais. À 76 ans, Jean-Michel Aulas a confirmé le 4 septembre son intention de briguer la mairie de Lyon. Figure du sport et de l’économie locale, il entend transformer sa notoriété en atout électoral face à l’écologiste sortant Grégory Doucet. « Je vais me lancer dans l’aventure dans quelques jours », a-t-il déclaré lors d’un point presse, entouré de ses soutiens.
Depuis son départ de l’OL en 2023, après 36 ans de présidence, Aulas avait multiplié les signaux d’intérêt pour la vie publique. Sa candidature, désormais officialisée, redistribue les cartes dans une ville stratégique de 525 000 habitants, marquée par un fort ancrage écologiste depuis 2020.
Une droite rassemblée derrière l’ancien patron de l’OL
L’annonce s’est faite aux côtés de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et de Pierre Oliver, maire LR du 2ᵉ arrondissement, qui a retiré sa propre candidature. « Nous sommes très heureux que l’on puisse s’associer. Nous partageons une vision pour Lyon », a souligné Pierre Oliver.
Laurent Wauquiez a lui aussi salué « un homme de fierté lyonnaise », rappelant qu’« il a sauvé notre club et en a fait une référence mondiale ». Cette alliance vise à présenter une candidature unique face aux écologistes et à éviter l’éparpillement de la droite locale, fragilisée lors du dernier scrutin.
Des sondages déjà favorables
Selon une enquête Elabe publiée en juin, Jean-Michel Aulas recueillerait 36 % des intentions de vote si sa candidature était soutenue conjointement par Les Républicains et le camp présidentiel, soit neuf points de plus que le maire sortant. En avril, un premier sondage le donnait déjà au coude-à-coude avec Grégory Doucet.
Ces résultats ont renforcé la conviction de la droite qu’Aulas pouvait incarner une alternative crédible. « Sa notoriété dépasse largement les frontières du football », analyse Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. « Il incarne à la fois la réussite économique et un ancrage populaire. »
Un candidat « sans étiquette » mais ancré à droite
L’intéressé revendique pourtant une démarche transpartisane. « Je veux réunir tous les gens de bonne volonté, du centre gauche à la droite, qui en ont marre de la situation actuelle », a-t-il affirmé. À ses yeux, Lyon « est sale, taguée », et doit redevenir « un modèle en Europe ».
Cette rhétorique lui permet de viser un électorat plus large, au-delà du socle traditionnel des Républicains. Mais son alliance avec Laurent Wauquiez l’ancre de facto dans le camp de la droite, qui compte sur son aura pour conquérir une mairie perdue en 2020.
Un scrutin à haut risque pour les écologistes
Les élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars 2026. Outre Jean-Michel Aulas et Grégory Doucet, plusieurs personnalités locales se positionnent, comme Nathalie Perrin-Gilbert ou Georges Képénékian. Une candidature de l’extrême droite pourrait aussi rebattre les cartes.
Pour Grégory Doucet, réélu candidat par Europe Écologie-Les Verts, la bataille s’annonce difficile. L’écologiste avait remporté Lyon en 2020 avec 52 % des voix dans une triangulaire. Mais son mandat a été marqué par de vives critiques sur la propreté et la gestion des mobilités. L’entrée en lice d’Aulas, fort de son image d’entrepreneur pragmatique, constitue un défi direct.