Dans un contexte de guerre qui s’enlise et d’incertitudes sur l’engagement américain, la France et le Royaume-Uni ont pris l’initiative de structurer une coalition inédite. Baptisée « coalition des volontaires », elle regroupe aujourd’hui 26 pays prêts à apporter une garantie militaire et politique à Kiev une fois la paix revenue. L’annonce a été faite jeudi 4 septembre lors d’un sommet exceptionnel organisé à Paris, en présence de Volodymyr Zelensky.
Paris veut incarner le moteur européen de la sécurité
À l’Élysée, Emmanuel Macron a défendu l’idée d’un dispositif capable de dissuader toute nouvelle agression russe. « Nos chefs d’état-major sont prêts », a-t-il assuré, en précisant que cette présence n’impliquerait pas d’envoyer des troupes au front mais d’installer une force de stabilisation. Le chef de l’État français, qui avait déjà évoqué la possibilité de déploiements occidentaux en Ukraine, tente ainsi de crédibiliser son discours par une coalition élargie.
Keir Starmer, Premier ministre britannique, a soutenu cette orientation en insistant sur « la nécessité de passer des paroles aux actes ». Londres et Paris se positionnent comme les deux piliers européens de la sécurité ukrainienne, dans un contexte où Washington hésite à formaliser son soutien.
Des garanties sécuritaires en construction
Concrètement, la coalition vise à préparer une force multinationale capable d’opérer sur terre, en mer et dans les airs pour sécuriser le territoire ukrainien après un éventuel cessez-le-feu. Elle serait chargée de protéger les infrastructures vitales, d’assurer la libre circulation dans les zones stratégiques et de prévenir toute reprise des hostilités.
Selon plusieurs sources militaires, les scénarios incluent la présence de contingents européens dans des missions d’appui et de réassurance, mais sans rôle offensif direct. L’idée est d’envoyer un signal clair au Kremlin : l’Ukraine ne sera plus laissée seule après la guerre.
Une réponse européenne au fléchissement américain
La « coalition des volontaires » est née à Londres en mars 2025, au moment où le Congrès américain tardait à valider une nouvelle aide militaire massive. Depuis, elle a pris corps à Bruxelles puis à Paris, avec l’élargissement à une trentaine de pays, dont le Canada, le Japon et plusieurs États baltes. « C’est une victoire politique pour l’Ukraine », s’est félicité Volodymyr Zelensky, saluant un « engagement concret » face à Moscou.
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Mais l’absence d’engagement officiel des États-Unis souligne la fragilité du projet. « Sans la garantie américaine, l’effet dissuasif restera limité », estime Michel Duclos, ancien ambassadeur de France et conseiller à l’Institut Montaigne.
Une coalition symbolique ?
Pour les capitales européennes, la coalition reste à traduire en plan militaire précis : effectifs, règles d’engagement, financement. Plusieurs armées, déjà très sollicitées, redoutent un engagement de long terme qui pèserait sur leurs budgets. « Le risque est de créer un affichage politique sans véritable crédibilité opérationnelle », prévient un officier français.
En attendant, Paris revendique une avancée diplomatique majeure : montrer que l’Europe, aux côtés de ses alliés, peut prendre l’initiative de sa sécurité. Une manière aussi de préparer la recomposition stratégique que provoquerait une éventuelle réélection de Donald Trump à la Maison Blanche.