Grève du 18 septembre : transports, écoles et pharmacies fortement perturbés

À l’appel de l’intersyndicale, une journée de mobilisation nationale se prépare ce jeudi. Transports, éducation et santé seront particulièrement touchés, avec des conséquences importantes pour les usagers et les entreprises.

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La journée de grève du 18 septembre devrait fortement perturber les transports, l’école et les pharmacies, illustrant un climat social tendu face au budget gouvernemental.

La rentrée sociale prend un tour explosif. Jeudi 18 septembre, syndicats et collectifs appellent à une journée de grève nationale, avec l’objectif affiché de « bloquer le pays ». En toile de fond, un budget présenté comme « brutalement austère » par les organisations syndicales et une lassitude croissante face à l’érosion du pouvoir d’achat. Le gouvernement de Sébastien Lecornu, déjà critiqué pour son manque de marges de manœuvre, redoute une mobilisation massive qui pourrait dépasser le seul cadre des professions traditionnellement mobilisées.

Les prévisions officielles évoquent environ 400 000 manifestants dans les rues, un chiffre comparable aux grandes journées de mobilisation du printemps dernier. Les syndicats espèrent faire au moins aussi bien, misant sur un front commun qui va des enseignants aux cheminots, en passant par les pharmaciens. « Ce n’est pas une simple grève sectorielle, c’est une réponse collective à des décisions budgétaires injustes », insiste Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.

Des transports très perturbés en 18 septembre

Le secteur ferroviaire devrait être parmi les plus touchés. À la SNCF, les syndicats annoncent un taux de grévistes particulièrement élevé sur les TER et Intercités, ce qui devrait entraîner de nombreuses suppressions de trains. Les grandes lignes ne seront pas épargnées : plusieurs TGV pourraient rester à quai. Les transports urbains s’annoncent eux aussi compliqués. Dans la capitale, la RATP prévient que plusieurs lignes de métro pourraient être fermées et que la circulation des bus sera « fortement dégradée ».

Pour les usagers, la perspective d’un jeudi noir ne laisse guère d’alternatives. « Je vais essayer de télétravailler, mais ce n’est pas possible pour tous mes collègues », explique Julien, cadre dans une société de conseil à La Défense. D’autres redoutent des trajets interminables dans des rames bondées. « On s’attend à une journée extrêmement compliquée », reconnaît un cadre de la RATP, qui insiste sur la nécessité pour les voyageurs de consulter les prévisions la veille au soir.

L’école à l’arrêt

L’éducation nationale s’apprête également à tourner au ralenti. Les syndicats enseignants dénoncent un manque chronique de moyens et une pression accrue sur les équipes, aggravée par les dernières mesures budgétaires. Plusieurs académies s’attendent à un fort taux de grévistes, notamment dans le primaire et la maternelle.

Pour les parents, l’équation est difficile. Certaines municipalités organiseront un service minimum d’accueil, mais il restera limité. « Nous avons dû poser un jour de congé pour garder nos enfants », témoigne Élodie, mère de deux élèves à Lyon. D’autres familles improviseront des gardes collectives. Les fédérations de parents d’élèves soutiennent largement le mouvement, estimant que la dégradation des conditions d’enseignement finit par pénaliser directement les enfants.

Pharmacies et santé de proximité en colère

Particularité de cette journée du 18 septembre : la mobilisation des pharmaciens. Près de neuf officines sur dix devraient fermer leurs portes, une première depuis plus de vingt ans. Les syndicats dénoncent la baisse des rémunérations prévue dans le budget, qui risque selon eux d’accélérer la disparition des pharmacies de proximité, notamment en zone rurale.

À Montpellier, Michel, retraité de 72 ans, s’est organisé en conséquence. « Je suis allé chercher mes médicaments en avance pour ne pas avoir de mauvaise surprise », confie-t-il. Les syndicats rappellent qu’un service d’urgence sera assuré pour les patients les plus fragiles, mais préviennent qu’il sera limité. « Ce mouvement est un cri d’alarme. Si nous disparaissons, c’est tout le maillage territorial de la santé qui s’effondre », avertit Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Un climat social sous tension

Au-delà des perturbations concrètes, cette mobilisation s’inscrit dans un contexte politique et social tendu. Depuis la rentrée, l’exécutif a multiplié les appels à la responsabilité budgétaire, arguant que la France doit réduire son déficit public sous peine de sanctions européennes. Mais les syndicats dénoncent un choix qui pèse d’abord sur les salariés et les services publics. « On ne peut pas demander toujours plus d’efforts aux Français sans que ceux qui sont à la tête de l’État donnent l’exemple », martèle un représentant de la CGT.

Les entreprises redoutent, elles, un fort taux d’absentéisme et des difficultés logistiques. Plusieurs fédérations patronales alertent sur le coût cumulé de ces journées de grève, qui pèsent sur la productivité et la confiance économique. « Chaque journée comme celle-ci désorganise des secteurs entiers. Nous appelons au dialogue plutôt qu’à la confrontation », souligne le Medef.

Un test pour Lecornu

Pour Sébastien Lecornu, qui a fait de la rigueur budgétaire un marqueur de son passage à Matignon, la journée de jeudi s’annonce comme un test de crédibilité. Le Premier ministre assure que le cap sera maintenu, malgré la contestation. Ses opposants, de droite comme de gauche, guettent le niveau de mobilisation pour jauger sa capacité à tenir face à la rue. « C’est un gouvernement fragilisé qui doit affronter une colère qui dépasse les clivages », analyse un politologue.

La mobilisation du 18 septembre pourrait aussi avoir des répercussions à l’étranger. En Europe, les mouvements sociaux se multiplient sur fond d’inflation persistante et de politiques budgétaires restrictives. L’Espagne a connu en juin de vastes manifestations contre la réforme fiscale, et l’Allemagne s’est heurtée à des grèves répétées dans les transports. « Nous ne sommes pas isolés, ce qui se joue en France résonne ailleurs », observe un syndicaliste de Force ouvrière.

Reste à savoir si cette journée marquera le point de départ d’un mouvement durable ou une démonstration ponctuelle de force. Les syndicats, en tout cas, préviennent qu’ils sont prêts à poursuivre la mobilisation si leurs revendications restent sans réponse. « Le 18 septembre n’est qu’une première étape », assure Marylise Léon. Le gouvernement, lui, espère au contraire contenir l’incendie pour éviter une rentrée sociale qui tournerait à la crise politique.

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