Le nom de Gérard Miller, longtemps associé aux plateaux de télévision et aux débats politiques, est désormais au centre d’un dossier judiciaire d’une grande gravité. Après quarante-huit heures de garde à vue dans les locaux de la Brigade de protection des mineurs de Paris, l’ancien psychanalyste a été présenté jeudi 2 octobre à un juge d’instruction. Le parquet de Paris a annoncé sa mise en examen pour six faits de viols et d’agressions sexuelles commis entre 2000 et 2020, concernant six femmes, dont quatre étaient mineures au moment des faits allégués.
Des faits qui s’étendent sur deux décennies
Selon les réquisitions, Gérard Miller est poursuivi pour quatre viols sur mineures de plus de quinze ans entre 2000 et 2004, un viol et une agression sexuelle sur une femme majeure en 2019, ainsi qu’une agression sexuelle sur une mineure de quatorze ans en 2001. Un septième fait, un viol présumé en 2000, a conduit à son placement sous le statut de témoin assisté.
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À l’issue de cette décision, l’homme de 77 ans a été soumis à un contrôle judiciaire strict comprenant l’interdiction d’exercer la psychanalyse, toute activité impliquant des contacts avec des mineurs et sa participation comme chroniqueur à la télévision. Il doit également suivre des soins psychologiques et verser un cautionnement de 65 000 euros.
Un mode opératoire dénoncé par de nombreuses femmes
Les accusations qui le visent ne datent pas d’hier. Elles ont émergé publiquement en janvier 2024, lorsque le magazine Elle a publié une première enquête, suivie de révélations de Mediapart. Très vite, une vingtaine de femmes ont porté plainte et plusieurs dizaines d’autres ont témoigné auprès de la presse, décrivant un même mode opératoire.
Les récits font état de séances d’hypnose ou de relaxation, parfois après une rencontre à caractère professionnel ou amical, qui basculaient vers des gestes sexuels sans consentement. Certaines plaignantes évoquent une sidération, une perte de repères, renforcée par l’autorité intellectuelle et médiatique du psychanalyste.
Ces témoignages ont conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête préliminaire en février 2024. Plusieurs faits, bien que considérés comme susceptibles de qualification pénale, ont été écartés en raison de la prescription. D’autres, plus récents, ont été instruits et ont mené à la garde à vue puis à la mise en examen. L’une des plaignantes, âgée de 17 ans au moment des faits qu’elle dénonce, a confié à la presse son sentiment de soulagement : « C’est la petite fille de 17 ans que la policière avait en face d’elle.
J’ai dit tout ce que j’avais à dire, même si cela a été très violent. » Une autre, qui affirme avoir été contrainte lors d’une rencontre en 2001, a parlé de « vase brisé », décrivant des souvenirs fragmentés qui ne cessent de revenir depuis la médiatisation de l’affaire.
Gérard Miller « certain de n’avoir commis aucune infraction »
Gérard Miller, qui nie l’ensemble des accusations, a affirmé dès le début de la procédure être « certain de n’avoir commis aucune infraction ». Dans ses déclarations passées, il reconnaissait avoir entretenu des relations intimes avec certaines femmes, mais soutenait n’avoir jamais contraint quiconque et réfutait la pratique de l’hypnose dans un cadre privé. Ses avocats n’ont pas souhaité réagir immédiatement après l’annonce de la mise en examen.
La chute d’un intellectuel médiatique
La chute est brutale pour celui qui fut une figure médiatique centrale des années 1990 et 2000. Écrivain, professeur des universités, invité récurrent des émissions de Laurent Ruquier ou Michel Drucker, il était aussi un soutien affiché de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise depuis 2012. Cette notoriété, estiment plusieurs plaignantes, aurait contribué à son pouvoir d’emprise, certaines disant s’être senties « piégées face à une figure médiatique intouchable ».
L’affaire, qui s’inscrit dans le prolongement des mouvements #MeToo et des révélations récentes touchant le monde culturel, représente un nouveau test pour la justice. Elle devra déterminer si les accusations peuvent être étayées au procès et, le cas échéant, établir les responsabilités pénales de l’ancien psychanalyste.
Le parquet a déjà indiqué que d’autres témoignages restaient à analyser. Gérard Miller, désormais placé sous contrôle judiciaire, voit sa carrière intellectuelle et médiatique anéantie. Reste pour lui une longue bataille judiciaire, mais aussi une réputation déjà profondément entachée.