Au PSG, il y a toujours eu les strass et les paillettes. Mais rarement la vérité crue des coulisses. Dans De l’enfer au paradis (Flammarion), Fabrice Hawkins, journaliste à RMC Sport, raconte les deux saisons qui ont bouleversé l’histoire du club : du psychodrame Kylian Mbappé à la victoire en Ligue des champions en 2025, jusqu’à la Supercoupe d’Europe remportée cet été. Deux années au cours desquelles Paris a connu l’enfer des tensions internes avant d’atteindre enfin le graal tant convoité.
« J’avais dit à un dirigeant du PSG : c’est fantastique, vous avez Messi, Neymar, Mbappé, c’est le paradis. Il m’a répondu : non, c’est l’enfer. J’ai eu envie de comprendre pourquoi », confie Hawkins. De cette phrase est né le titre d’un livre qui éclaire l’envers du décor, loin de l’image glamour construite par le club et ses propriétaires qataris.
Le séisme Mbappé
Tout commence à l’été 2023. Kylian Mbappé, alors star du PSG et capitaine des Bleus, annonce qu’il ne prolongera pas. Le club réagit brutalement : mise à l’écart, menace de passer la saison sur le banc. « On est alors en plein psychodrame, décrit Hawkins. Mbappé se retrouve relégué au “loft”, accusé de nuire au club. »
Le livre révèle les lettres de son avocate, Me Delphine Verheyden, proposant un compromis : renoncer à 55 millions d’euros de primes en échange d’une réintégration dans l’équipe. Deux réunions houleuses avec Nasser al-Khelaïfi, le 12 août 2023, actent un retour temporaire. Mais les deux camps n’ont pas compris la même chose de cet accord. « C’est là que naît le conflit judiciaire qui dure encore », rappelle Hawkins.
La fin de la République des joueurs
Si le départ de Mbappé semblait sonner le glas des ambitions parisiennes, il s’est révélé être un tournant. L’arrivée de Luis Enrique a mis fin à une ère. Fini les stars intouchables, les entraînements à la carte et l’influence démesurée de Messi ou Neymar. « Le PSG était gangréné par ce que j’appelle la République des joueurs. Les individualités avaient plus de pouvoir que l’entraîneur », explique Hawkins.
Le coach espagnol impose alors une discipline de fer. Retards sanctionnés, hiérarchie claire, salaires en partie indexés sur les performances. Hawkins cite l’exemple d’Ousmane Dembélé, privé d’un match de Ligue des champions pour être arrivé en retard : « Le message était clair : personne n’est au-dessus du collectif. »
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Ce changement de méthode, inspiré du modèle de Manchester City, transforme le vestiaire. « Des joueurs se sont révélés, poursuit Hawkins. Désiré Doué, par exemple, est devenu la coqueluche du football français. »
Un récit au rythme d’un match
La force du livre ne réside pas seulement dans ses révélations, mais dans sa construction. Hawkins écrit comme on commente un match : phrases rapides, tension narrative, chapitres qui s’achèvent souvent sur une révélation ou une anecdote marquante. Le lecteur se retrouve happé, non par une succession de confidences anonymes, mais par une dramaturgie soigneusement reconstruite.
La plume, sobre et efficace, privilégie l’immersion. On retrouve le ton de ses interventions radio : précis, sans fioritures, mais toujours incarné. Le récit ne s’encombre pas de jargon technique et conserve une fluidité qui le rend accessible au grand public tout en passionnant les initiés.
Un collectif, un projet
Le PSG construit alors une “machine à gagner”, selon l’expression de l’auteur. Ligue 1, Coupe de France, Trophée des champions, puis la Ligue des champions et la Supercoupe d’Europe : le palmarès s’étoffe enfin. Hawkins insiste sur la dimension collective de cette réussite. « Pour comprendre comment Paris a gagné, il faut comprendre comment il a perdu : en misant sur des stars sans socle collectif. »
Le livre révèle aussi des anecdotes sur la méthode Enrique : un vote improvisé dans le vestiaire pour désigner le tireur de penalty, ou encore les prises de sang hebdomadaires pour anticiper les blessures et ajuster les charges d’entraînement. Autant de détails qui dessinent le portrait d’un club métamorphosé.
Une histoire encore en marche
L’ouvrage s’achève sur les perspectives. Construction d’un nouveau stade, pari sur les jeunes comme Noham Kamara, recruté à Torcy, et surtout, cette question lancinante : le PSG peut-il gagner deux fois la Ligue des champions ? « Peu de clubs y sont parvenus, note Hawkins. Il faudra aussi un facteur chance. »
Au-delà du récit sportif, De l’enfer au paradis s’impose comme une chronique littéraire du PSG contemporain. L’auteur parvient à transformer la matière brute d’un vestiaire en un récit dramatique, où les grandes figures, Mbappé, Neymar, Messi, croisent les révélations anonymes, et où la petite histoire des réunions à huis clos rejoint la grande histoire du football européen.