Sébastien Lecornu a indiqué dimanche à La Tribune qu’il pourrait dévoiler la liste de ses ministres « lundi ou mardi ». Depuis sa reconduction à Matignon, vendredi soir, les consultations se multiplient pour former un exécutif resserré, présenté comme « plus libre » et composé de « profils qui surprendront ». Le Premier ministre assure vouloir gouverner « à sa manière », après avoir quitté son poste une semaine plus tôt faute de « conditions remplies ».
Le nouvel attelage, encore en discussion, devrait mêler plusieurs visages issus de la majorité présidentielle et quelques personnalités venues de la droite modérée. L’équilibre s’annonce délicat : Emmanuel Macron veut stabiliser la majorité sans donner le sentiment d’un simple retour en arrière.
Un calendrier budgétaire serré
Cette recomposition se déroule sous forte contrainte de temps. Le projet de loi de finances 2026 doit être présenté en Conseil des ministres au plus tard lundi 13 octobre, pour permettre au Parlement de respecter le délai légal de 70 jours d’examen. En cas de retard, la procédure parlementaire serait menacée et le pays exposé à un vide institutionnel.
Lecornu doit donc aller vite. Plusieurs ministres démissionnaires pourraient être maintenus provisoirement pour assurer la continuité, le temps de valider la nouvelle équipe. L’entourage du Premier ministre admet que les discussions se poursuivent « sans interruption » depuis samedi.
La droite toujours divisée
Le Premier ministre espère s’appuyer sur une partie des Républicains pour éviter une majorité trop fragile. Mais le parti reste profondément divisé. Le bureau politique de LR a voté samedi pour un « soutien sans participation », refusant d’intégrer le futur gouvernement. Bruno Retailleau et Gérard Larcher défendent une ligne de stricte indépendance, tandis que Laurent Wauquiez, plus pragmatique, plaide pour « ramener de l’apaisement » et permettre l’adoption du budget.
L’Union des démocrates et indépendants (UDI) adopte la même position : « un soutien loyal mais vigilant », selon Hervé Marseille. Horizons, le parti d’Édouard Philippe, temporise encore.
L’opposition prépare la censure
À gauche, la perspective du remaniement n’apaise rien. Le Parti socialiste a averti qu’il voterait une motion de censure si le gouvernement ne suspendait pas « immédiatement et complètement » la réforme des retraites. Les écologistes ont tenu le même discours, dénonçant une « provocation » dans la reconduction du Premier ministre.
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Arthur Delaporte, porte-parole du groupe socialiste, a prévenu sur LCI : « Nous ne rentrerons pas dans un gouvernement porté par Sébastien Lecornu. » La gauche mise désormais sur la future déclaration de politique générale, prévue mardi ou mercredi, pour tester la solidité du nouvel exécutif.
Une mission à durée limitée
Sébastien Lecornu, conscient de la fragilité de sa position, se présente comme un chef de gouvernement « de devoir ». Avant d’accepter sa reconduction, il aurait posé plusieurs conditions à Emmanuel Macron : aucun ministre en campagne présidentielle, et un mandat limité à l’adoption du budget.
L’objectif immédiat est clair : tenir jusqu’à la fin de l’année et éviter une nouvelle dissolution. « Si les conditions ne sont plus remplies, je partirai », a-t-il assuré. En attendant, la France guette un gouvernement dont la formation, promise d’ici mardi, est devenue le symbole d’un pouvoir à la recherche d’un second souffle.


