Poupées interdites : scandale mondial autour des plateformes chinoises

La découverte en France de poupées sexuelles à l’apparence d’enfants sur Shein et AliExpress provoque une tempête judiciaire et politique. Les autorités dénoncent un grave manquement au contrôle des contenus.

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poupée shein
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C’est une découverte glaçante : une poupée de 80 centimètres, les traits d’une fillette, un ours en peluche dans les bras. Le descriptif, sans ambiguïté, évoque un « jouet de masturbation masculine avec vrai vagin et anus ». Vendue 186,94 euros sur Shein, cette annonce signalée à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a conduit à la saisine du parquet de Paris.

Shein affirme avoir retiré immédiatement les produits, mais l’émotion a dépassé la seule sphère numérique. À quelques jours de l’ouverture du premier magasin du groupe en France, la polémique a pris une ampleur politique inédite.

Un signalement qui tourne au scandale d’État

Alertée le 30 octobre, la DGCCRF découvre une série d’annonces à caractère pornographique, certaines relevant de la pédopornographie. « Les annonces nous ont particulièrement choqués », confie Alice Vilcot-Dutarte, porte-parole de l’administration. L’absence de filtrage, alors qu’un simple clic suffit pour certifier sa majorité, soulève la question de la protection des mineurs. Selon Bercy, un tiers des Français ont acheté sur Shein au cours des six derniers mois.

La haute-commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry, a dénoncé des produits « absolument ignobles » et convoqué les plateformes d’e-commerce. Une pétition lancée par Mouv’Enfant réclame l’identification des acheteurs. En quelques heures, elle a recueilli près de 1 000 signatures.

Shein assure « prendre la situation extrêmement au sérieux ». « Ce contenu est inacceptable et contraire à nos valeurs », déclare son porte-parole Quentin Ruffat. Mais pour les associations, ces arguments relèvent du réflexe de communication. « Les marketplaces se cachent derrière leur statut pour échapper aux sanctions », dénonce une juriste d’e-Enfance.

Shein, Aliexpress sous pression

AliExpress n’échappe pas à la controverse. Des poupées similaires y sont encore accessibles, parfois sous couvert de « jouets de collection ». D’après l’UFC-Que Choisir, 69 % des produits testés sur ces sites ne respectent pas les normes européennes. Bruxelles parle d’« échecs systémiques » et rappelle que, sous le Digital Services Act, les plateformes doivent supprimer sans délai tout contenu illicite.

Cette affaire survient alors que Shein tente d’implanter ses premières boutiques en France. Déjà sanctionné à plusieurs reprises, le groupe voit sa réputation entachée. « C’est une très mauvaise publicité pour une marque critiquée pour ses pratiques sociales et environnementales », souligne un analyste du secteur.

L’épisode révèle surtout les limites du contrôle des géants chinois du commerce en ligne. Derrière des prix dérisoires et des milliards de références, un vide juridique persiste. Les poupées interdites ne sont qu’un symptôme : celui d’un marché global qui échappe encore à toute régulation effective.

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