The Amateur : l’espion raté d’un thriller trop sage

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Rami Malek incarne Charlie Heller, analyste de la CIA sans formation de terrain, propulsé malgré lui au cœur d’une opération clandestine après la mort de sa femme dans un attentat. Sur le papier, The Amateur promet un contre-pied : pas de super agent invincible, mais un bureaucrate paumé, poussé par le chagrin. Sur l’écran, le résultat est bien plus convenu que prévu.

Un héros fragile dans un film trop propre

Le personnage d’Heller, introverti, nerveux, vulnérable, semble taillé pour Malek. L’acteur joue comme à son habitude sur la retenue et l’inconfort, mais la mécanique tourne vite à vide. Son visage fermé, sa diction heurtée, son corps raide – ce qui fonctionne pour jouer Freddie Mercury ou un hacker asocial – convainc moins ici, dans un rôle censé évoluer vers la prise de pouvoir et la détermination. À force de rester enfermé dans une posture figée, Malek étouffe toute montée en tension.

La mise en scène de James Hawes ne rattrape pas l’affaire. Le film coche les cases du thriller d’espionnage sans jamais déranger son propre cahier des charges. Traque dans les rues de Prague, échanges de coups de feu dans des couloirs mal éclairés, micro trahi, agent double : rien ne surprend, tout semble calibré. Le choix d’un personnage « amateur » aurait pu désamorcer les codes du genre ; au lieu de ça, The Amateur les applique sagement, jusqu’à l’oubli.

Le récit se veut paranoïaque, tordu, ambigu. Il n’est que mécanique. Les seconds rôles sont réduits à des fonctions : mentor fatigué (Laurence Fishburne), cadre suspicieuse (Rachel Brosnahan), cible désincarnée. Aucun ne trouve d’espace pour exister, pas même l’antagoniste, à peine esquissé. Le film s’attarde davantage sur des allers-retours de dossiers classés que sur les conséquences humaines de ses enjeux. Même la douleur du deuil, qui devait porter le film, est expédiée en quelques flashbacks génériques.

La photographie, aux teintes gris acier et bleutées, tente d’imposer une atmosphère réaliste, presque documentaire. Mais ce vernis visuel ne masque pas l’absence d’incarnation. On suit les personnages plus qu’on ne les ressent. Le rythme, sans être lent, reste linéaire : jamais haletant, jamais tendu.

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