Le paysage radio français ouvre sa saison 2025-2026 dans un climat morose. Selon les chiffres Médiamétrie de septembre-octobre, la radio n’atteint plus que 36,8 millions d’auditeurs quotidiens, soit un million de moins que l’an dernier. Une érosion structurelle, désormais confirmée à chaque vague, qui s’explique autant par la montée du streaming que par la désaffection progressive des plus jeunes. Sur dix ans, plus de six millions d’auditeurs ont quitté la radio linéaire.
Dans ce contexte, les mouvements de stations apparaissent moins comme des ruptures que comme des ajustements sur un marché globalement contracté. France Inter conserve sa place de leader, mais son repli est l’un des plus marqués. À l’inverse, RTL reprend de la vigueur et Europe 1 réalise sa meilleure progression depuis plusieurs années.
France Inter freine brutalement après plusieurs saisons de croissance
La station publique reste la première radio de France, mais perd 500 000 auditeurs sur un an pour atteindre environ 6,7 millions d’auditeurs quotidiens. Son audience cumulée tombe à 11,9 % et sa part d’audience recule fortement. La matinale, longtemps moteur de la chaîne, affiche aussi une baisse sensible, avec près de 400 000 auditeurs perdus.
La directrice d’Inter, Adèle Van Reeth, minimise toutefois l’ampleur de la chute en rappelant que « la station reste largement en tête du marché » et que la vague précédente avait été « exceptionnellement élevée ». Reste que pour une radio qui enchaînait les records depuis cinq ans, ce ralentissement constitue un signal important dans un paysage fragmenté.
RTL stabilise son socle, Europe 1 poursuit son retour
Du côté des généralistes privées, RTL profite de la rentrée pour consolider sa base. La station gagne environ 100 000 auditeurs et remonte au-dessus des 5 millions d’auditeurs quotidiens. Le groupe pointe la bonne tenue de ses tranches d’information et l’effet cumulatif d’une grille davantage stabilisée après plusieurs saisons chahutées.
Europe 1 signe la meilleure progression du segment. La station gagne environ 300 000 auditeurs en un an, un mouvement déjà amorcé lors des précédentes vagues. Avec 2,8 millions d’auditeurs quotidiens, elle retrouve un niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis plusieurs années. Pour les dirigeants de la station, cette progression valide « un repositionnement éditorial assumé » et un recentrage sur des programmes d’information et d’opinion.
France Info recule légèrement mais reste au-dessus des 4,8 millions d’auditeurs. RMC, elle, cède du terrain et passe derrière Europe 1.
Les musicales dans le rouge, sauf exceptions
Le segment des radios musicales concentre les plus fortes baisses. NRJ et Nostalgie enregistrent leurs plus faibles niveaux historiques. NRJ tombe autour de 3,7 millions d’auditeurs, en recul de près de 365 000 personnes. Nostalgie perd plus de 330 000 auditeurs. Ce secteur, très exposé à la concurrence du streaming audio, peine à renouveler ses formats.
Deux exceptions émergent toutefois. Fun Radio progresse légèrement, portée en partie par des recrutements visibles. Radio Nova réalise un bond spectaculaire, multipliant quasiment son audience grâce à une programmation plus identifiée et à un positionnement culturel affirmé.
Un média structurellement concurrencé
La tendance dépassant les mouvements de grille, la question est désormais celle de la capacité du média radio à se réinventer. L’écoute en mobilité recule avec la diminution des trajets domicile-travail, tandis que les plateformes de streaming et les vidéos courtes captent une part croissante du temps d’attention.
« La rentrée a été difficile pour le média radio » résume Éric Valli, président des Indés Radios, avant d’ajouter que la radio « reste un média puissant mais qui doit accélérer sa transformation ». La croissance des podcasts natifs, des replays et de l’écoute à la carte offre toutefois un espace stratégique, notamment pour les marques bien identifiées.
Le secteur se prépare désormais à la vague de janvier, traditionnellement marquée par des ajustements de grilles. Dans un marché où le linéaire s’effrite, chaque station cherche la formule capable de retenir un public devenu plus volatil que jamais.


