Tarik Saleh : Portrait d’un réalisateur qui ose

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Tarik Saleh. Photo : Claudio Bresciani/TT

Audacieux, engagé et sans concession, Tarik Saleh s’est imposé comme une voix singulière du cinéma contemporain. À travers ses œuvres, le réalisateur d’origine égyptienne n’a jamais hésité à explorer les zones d’ombre de la société.

Dans le monde du cinéma contemporain, rares sont les réalisateurs qui osent aborder les sujets les plus sensibles sans détour. Tarik Saleh est de ceux-là. Né en Suède de parents égyptiens, ce cinéaste a su faire de son héritage culturel une source d’inspiration, tout en s’imposant comme une voix singulière sur la scène internationale.

Sa carrière débute dans les années 1990, lorsqu’il se fait remarquer par ses premiers documentaires. Mais c’est en 2017, avec Le Caire confidentiel, qu’il s’impose comme un réalisateur à suivre. Ce thriller, qui dépeint la corruption au sein de la police égyptienne, est salué par la critique internationale et remporte le Grand Prix du Festival de Sundance.

Un cinéma engagé et sans compromis

Le cinéma de Tarik Saleh se caractérise par une volonté constante de dénoncer les dérives du pouvoir. « J’ai toujours pensé que le cinéma devait être un espace de liberté, où l’on peut interroger la société sans crainte de censure », explique-t-il lors de la présentation de Les aigles de la République à Cannes en 2025.

Dans ce nouveau film, il explore une nouvelle fois les thèmes de la corruption et de l’oppression, mais avec une approche teintée de satire. « L’humour est une arme redoutable. Il permet de dire des vérités sans paraître moralisateur », confie-t-il. Ce choix audacieux divise, mais c’est précisément ce qui fait la force de son cinéma.

Un réalisateur au parcours atypique

Avant de devenir réalisateur, Tarik Saleh a été graffeur, une passion qui lui a permis de développer un regard unique sur le monde. « Le graffiti, c’est une forme d’expression brute, directe, comme le cinéma. C’est un art de la rue qui ne cherche pas la perfection, mais l’impact », explique le réalisateur.

Cette vision transparaît dans chacun de ses films, où les personnages sont souvent confrontés à des choix moraux complexes. Que ce soit dans Le Caire confidentiel, La Conspiration du Caire ou Les aigles de la République, ses œuvres interrogent les spectateurs sur les rouages du pouvoir et les limites de la liberté.

Les thèmes récurrents : pouvoir, corruption et liberté

Si Tarik Saleh est souvent perçu comme un réalisateur engagé, c’est parce qu’il n’a jamais hésité à explorer les recoins les plus sombres de la société. « La corruption n’est pas seulement une affaire de politique, c’est une question d’humanité », affirme-t-il. Dans chacun de ses films, la quête de vérité et les dilemmes moraux de ses personnages permettent aux spectateurs de s’interroger sur leurs propres choix.

Sa capacité à dépeindre la noirceur sans tomber dans le cynisme fait de lui une voix unique. En 2021, La Conspiration du Caire lui a valu le César du meilleur film étranger, une consécration qui n’a fait que renforcer sa réputation internationale.

Un réalisateur internationalement reconnu

Tarik Saleh n’est pas seulement un réalisateur apprécié des critiques. Son travail a été récompensé dans les plus grands festivals : Cannes, Sundance, Berlin. Pour le réalisateur, « chaque prix est une reconnaissance, mais la véritable récompense, c’est de voir les spectateurs réfléchir en sortant de la salle .»

Pour Cannes 2025, Les aigles de la République est une nouvelle démonstration de son talent, une fable politique qui n’hésite pas à pointer du doigt les abus de pouvoir. « Tant que l’on continuera de parler de mes films, c’est que j’aurai fait mon travail », conclut-il avec détermination.

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