Dimanche 19 octobre 2025, à 9 h 30, quatre hommes vêtus de gilets de chantier se sont présentés quai François-Mitterrand, côté Seine. À bord d’un camion équipé d’une nacelle, ils ont déployé un bras télescopique jusqu’au balcon du premier étage du Louvre. Deux d’entre eux ont brisé une fenêtre à la disqueuse avant de pénétrer dans la Galerie d’Apollon, où sont exposés les joyaux de la Couronne.
L’opération n’a duré que quelques minutes. Les alarmes se sont déclenchées trop tard. Lorsque les premiers agents de sécurité sont arrivés, le commando avait déjà disparu. Le musée a été immédiatement évacué et fermé pour la journée.
Un commando organisé et silencieux
Les enquêteurs décrivent un mode opératoire d’une rigueur professionnelle. Les cambrioleurs ont agi au moment de la relève des agents de surveillance, un créneau particulièrement vulnérable. Leur matériel, outils thermiques, brouilleurs de signal et gants techniques, ne laisse aucun doute sur leur préparation.
Leur cible était clairement identifiée : huit bijoux d’une valeur estimée à 90 millions d’euros, parmi lesquels le diadème de l’impératrice Eugénie, la parure de saphirs de la reine Hortense et un collier d’émeraudes de Marie-Louise. Une neuvième pièce, la couronne de l’impératrice, a été retrouvée endommagée à proximité d’une issue de secours, abandonnée dans la précipitation.
Les images de vidéosurveillance montrent une opération parfaitement chronométrée, menée sans un mot échangé. Les auteurs sont repartis par les quais, où un second véhicule les attendait. La brigade de répression du banditisme privilégie la piste d’un réseau international spécialisé dans le vol d’œuvres d’art.
Une faille dans le système de sécurité du Louvre
Ce cambriolage révèle les fragilités d’un dispositif pourtant considéré comme l’un des plus sûrs au monde. Plusieurs syndicats de personnel avaient alerté ces derniers mois sur la réduction des effectifs de gardiens et la vétusté de certaines alarmes. Une partie des galeries côté Seine n’était pas équipée de détecteurs de mouvement récents.
Le ministère de la Culture a ouvert un audit interne et suspendu plusieurs prestataires de sécurité privée. Le Louvre, qui accueille plus de huit millions de visiteurs par an, doit désormais concilier accès du public et protection de collections inestimables. « Le risque zéro n’existe pas, mais certaines zones doivent être repensées », reconnaît un cadre du musée.
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Une onde de choc politique et culturelle
Le président de la République a dénoncé « un acte d’une gravité exceptionnelle », tandis que la ministre de la Culture a annoncé un renforcement immédiat des dispositifs dans les grands musées nationaux. Le Louvre, resté fermé deux jours, a rouvert au public, mais la Galerie d’Apollon demeure inaccessible.
Pour les conservateurs, la perte dépasse la valeur marchande. Ces bijoux, rescapés des guerres et de la Révolution, symbolisaient la continuité de l’histoire française. Plusieurs experts redoutent que certaines pièces soient déjà revendues ou fondues. « C’est une part de notre mémoire qui s’est volatilisée », confie un historien du patrimoine.


