Des séances de Minecraft virent au chaos au cri de « Chicken Jockey »

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Dans plusieurs cinémas à travers le monde, la sortie du film A Minecraft Movie ne ressemble pas à une simple projection. Depuis le début du mois d’avril, certains spectateurs transforment les salles en véritables défouloirs à l’approche d’une scène désormais culte dans la communauté des fans : l’apparition d’un « Chicken Jockey », une créature emblématique du jeu vidéo Minecraft.

Il suffit de quelques secondes à l’écran pour déclencher un chaos bien réel dans la salle. Dans le film, au moment où le personnage principal Steve — doublé par Jack Black — découvre un zombie miniature juché sur une poule, il s’exclame « Chicken Jockey ! ». Une réplique anodine devenue virale sur TikTok, où des fans ont commencé à poster leurs réactions démesurées, et surtout à en faire un rituel à reproduire en public.

Des débordements en série dans plusieurs pays

Dans certains multiplexes américains, britanniques ou canadiens, des cris collectifs éclatent au moment de la scène. Des spectateurs, souvent très jeunes, sautent sur leurs sièges, filment l’écran avec leur téléphone, lancent du pop-corn, voire des objets. À San Antonio (Texas), une projection a été interrompue après des jets de projectiles. À Londres, le Cineworld de Witney a décidé de suspendre temporairement le film. À Toronto, la police est intervenue après que des spectateurs ont tenté d’introduire une vraie poule dans la salle.

Plusieurs cinémas ont dû revoir leurs consignes : fouille des sacs, restriction d’accès aux mineurs non accompagnés, annulations de séances. « On a l’impression d’assister à un concert de rock pour enfants surexcités », résume un gérant de salle à Manchester. Certains employés, débordés, dénoncent un climat délétère et une pression grandissante sur les séances jeunesse.

Le réalisateur du film, Jared Hess, connu pour ses comédies absurdes, assume sans détour : « C’est hilarant. Si les gens veulent s’amuser ensemble, tant mieux. » Mais dans les rangs des professionnels de la salle, l’heure est moins à l’amusement. Plusieurs exploitants évoquent une perte de contrôle et la difficulté de faire respecter le calme à l’intérieur des cinémas.

Une sortie très attendue en France

En France, A Minecraft Movie sort en salles le 24 avril. Aucun incident n’a encore été recensé, mais les distributeurs restent sur leurs gardes. Pathé Gaumont ou UGC envisagent d’adapter leurs dispositifs d’accueil pour encadrer les séances. « On surveille de près ce qui se passe à l’étranger. Si ça devient un phénomène ici aussi, on prendra les mesures nécessaires », glisse un cadre d’un grand réseau parisien.

La communauté Minecraft en France est très active, notamment sur YouTube et TikTok. Reste à voir si la scène du Chicken Jockey, qui repose sur une référence très précise du jeu, suscitera le même enthousiasme qu’en Amérique du Nord.

Un phénomène qui dépasse Minecraft

Ce n’est pas la première fois que des films pour enfants ou adolescents provoquent des débordements en salle sous l’effet des réseaux sociaux. En 2022, le phénomène #Gentleminions avait bouleversé les projections de Les Minions 2. De jeunes spectateurs, souvent en costume, investissaient les salles pour mimer les personnages du film, provoquant chants, cris et débordements. Plusieurs salles avaient alors interdit l’accès aux groupes déguisés.

Plus récemment, la sortie de Five Nights at Freddy’s a aussi été marquée par une série de perturbations. Des cris coordonnés, parfois dès les premières scènes, ont gâché l’expérience pour une partie du public. À chaque fois, le même mécanisme se répète : une scène virale, partagée sur TikTok, devient un code entre initiés — et un prétexte à la mise en scène collective.

Pour les professionnels du cinéma, cette nouvelle forme de participation interroge. Si les projections événementielles ou interactives (comme celles du Rocky Horror Picture Show) existent depuis longtemps, elles reposent sur un contrat clair entre la salle et le public. Ce n’est pas le cas ici. « Le problème, c’est le consentement des autres spectateurs. Tout le monde ne vient pas au cinéma pour subir un happening TikTok », souligne un responsable de la Fédération nationale des cinémas français.

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