Emmanuel Macron honorera les artisans de la reconstruction de Notre-Dame

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PARIS – Emmanuel Macron rendra hommage, mardi 15 avril, aux artisans qui ont participé à la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Une centaine de personnes recevront une décoration à l’Élysée, six ans jour pour jour après l’incendie qui a ravagé la cathédrale. La cérémonie, prévue à 18h50, se tiendra à l’heure exacte du départ du feu, en 2019.

Parmi les décorés figurent trente-trois chevaliers de la Légion d’honneur et soixante-sept récipiendaires de l’Ordre national du Mérite. Tous ont participé à l’un des chantiers les plus spectaculaires de la décennie, à la fois par sa complexité technique, son ambition politique et sa charge symbolique. Charpentiers, tailleurs de pierre, maîtres verriers, sculpteurs, couvreurs ou campanistes ont uni leurs savoir-faire pour rendre à Notre-Dame son visage d’avant l’incendie, dans des délais resserrés.

Un chantier hors normes, mené tambour battant

Dès le lendemain de l’incendie du 15 avril 2019, Emmanuel Macron avait fixé un cap : « Nous rebâtirons la cathédrale en cinq ans », avait-il lancé dans une allocution solennelle. L’objectif, jugé irréaliste par certains experts à l’époque, a pourtant été tenu. La cathédrale a rouvert ses portes au public le 7 décembre 2024, presque à l’identique de son état d’origine.

La phase de sécurisation du bâtiment, entre 2019 et 2021, a mobilisé des moyens colossaux : plus de 200 entreprises, 500 compagnons mobilisés en simultané au plus fort du chantier, une coordination quotidienne entre l’établissement public chargé de la restauration et les équipes sur le terrain. La flèche dessinée par Viollet-le-Duc, effondrée lors de l’incendie, a été reconstruite à l’identique, grâce à une sélection méticuleuse de chênes centenaires venus de toute la France.

Parmi les artisans décorés mardi figure Aymeric Albert, ingénieur forestier, qui a supervisé la sélection et la coupe des arbres destinés à la reconstruction de la charpente. Le chantier a aussi vu le retour de techniques anciennes, parfois oubliées : taille à la hache, pose de pierres de taille sans ancrage moderne, soudure à l’étain des vitraux, etc. Le facteur d’orgue, Bertrand Cattiaux, a quant à lui été chargé du nettoyage et de la remise en état des 8 000 tuyaux de l’instrument, épargné par les flammes mais couvert de plomb fondu.

Philippe Jost élevé au grade de commandeur

Le président Macron remettra également la plus haute distinction du jour à Philippe Jost, président de l’établissement public chargé de la maîtrise d’ouvrage depuis la mort du général Jean-Louis Georgelin en août 2023. Ce haut fonctionnaire, passé par la Direction générale de l’armement, a assuré la continuité de la gouvernance du chantier et permis d’en respecter les délais.

« Philippe Jost a su maintenir le cap et incarner une forme de rigueur républicaine dans la conduite de ce projet d’intérêt national », confie un conseiller de l’Élysée. Son prédécesseur, Jean-Louis Georgelin, avait été choisi par Emmanuel Macron dès avril 2019 pour superviser la reconstruction, avec le franc-parler et l’autorité qu’on lui connaissait.

Un signal politique et patrimonial

À travers cette remise de décorations, l’Élysée entend souligner le rôle central des artisans dans le maintien du patrimoine français, alors que les métiers manuels peinent à recruter. « Ce sont des savoir-faire rares, essentiels, qu’il faut encourager, former, transmettre », insiste un proche du chef de l’État. Le chantier de Notre-Dame a en ce sens fait office de vitrine. Plusieurs jeunes compagnons ont été formés au cours du projet, via les Compagnons du Devoir, les écoles d’arts appliqués ou les filières professionnelles du bâtiment.

La cérémonie se tient aussi dans un moment politique particulier, à un an de la fin du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État veut y voir un symbole d’unité et de persévérance, alors que les chantiers ouverts depuis 2017 – réforme des retraites, transition écologique, réindustrialisation – n’ont pas tous rencontré le même consensus.

La cathédrale bientôt pleinement fonctionnelle

Même si Notre-Dame a rouvert en décembre dernier, le chantier n’est pas terminé pour autant. Les sols, les aménagements liturgiques et les éclairages doivent encore être finalisés. Le mobilier intérieur est en cours de fabrication, et l’installation de certains équipements techniques prendra encore plusieurs mois. La réouverture au culte est prévue pour décembre 2025, avec une messe inaugurale en présence du pape François – une invitation a été lancée, sans confirmation officielle à ce stade.

En attendant, Notre-Dame reste sous surveillance. Un plan de sécurisation à long terme, incluant des dispositifs anti-incendie renforcés, a été mis en place. Les visiteurs peuvent à nouveau admirer la nef, les chapelles latérales, la flèche flambant neuve, et les vitraux restaurés à l’identique. Dans les coulisses, certains artisans continuent de travailler en silence, loin des caméras.

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