La Paris Games Week change de dimension

Le plus grand salon du jeu vidéo français devient un événement pop-culturel mêlant e-sport, musique et business. Un virage stratégique pour reconquérir le public et séduire l’industrie.

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Paris Games Week

Longtemps considérée comme une simple vitrine du jeu vidéo, la Paris Games Week se réinvente. Pour sa quatorzième édition, qui se tient jusqu’au 2 novembre à Paris Expo Porte de Versailles, le salon organisé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL) rompt avec son format traditionnel. À côté des stands d’éditeurs et des consoles, le visiteur découvre désormais un véritable festival mêlant concerts, compétitions d’e-sport, culture geek et espace professionnel agrandi. « Nous voulons que la Paris Games Week soit autant un spectacle qu’un salon », confie le délégué général du SELL, Nicolas Vignolles.

Cette mue s’impose comme une réponse à l’évolution du public. En dix ans, le jeu vidéo a cessé d’être un simple loisir pour devenir un univers culturel total. Séries, mangas, musique, streaming et compétitions en ligne composent un écosystème que le salon veut désormais embrasser.

L’édition 2025 s’étend sur trois espaces : les halls 1 et 2 pour la partie gaming traditionnelle, un village e-sport et cosplay, et le Dôme de Paris, transformé en salle de spectacle. On y retrouve un concert symphonique autour des musiques de jeux vidéo, des performances d’artistes comme Bigflo et Oli, et la finale mondiale de la Trackmania World Cup, dotée de 18 000 euros. « C’est une édition où tout le monde trouve sa place, du joueur compétitif au spectateur curieux », résume le journaliste spécialisé Julien Chièze.

L’e-sport et la pop-culture au cœur du renouveau

Le SELL veut faire de la Paris Games Week un événement populaire au sens large, à l’image du Comic Con ou du Japan Expo. « Les joueurs d’aujourd’hui regardent les adaptations de leurs licences préférées, suivent les compétitions sur Twitch, écoutent les musiques de leurs jeux favoris sur Spotify », observe Nicolas Vignolles. « Il était logique que notre salon reflète cette diversité. » La formule s’appuie sur une tendance mondiale : selon Newzoo, le marché mondial de la pop-culture liée au jeu vidéo représente désormais 240 milliards de dollars.

Le cosplay, autrefois discret, occupe une place centrale avec un espace de 5 000 m² consacré aux créateurs et performeurs. Les cartes à collectionner (TCG), la réalité virtuelle et les licences de séries dérivées y trouvent aussi leur public. Les grandes marques y voient une opportunité de toucher la génération Z, pour qui l’univers du jeu dépasse largement la manette. L’éditeur Bandai Namco, par exemple, y présente un espace mêlant démonstrations de jeux, avant-premières d’animés et boutique éphémère.

Les compétitions e-sport, elles, se professionnalisent. La scène du Dôme de Paris accueille cette année plus de 4 000 spectateurs par jour. Ubisoft, Riot Games et Microids y dévoilent leurs championnats, dans une mise en scène digne des grands événements sportifs. « L’e-sport est désormais une vitrine de prestige, pas un gadget », insiste Sarah Dussault, analyste au cabinet MIDiA Research. En France, près de 10 millions de spectateurs suivent régulièrement des compétitions en ligne, selon Médiamétrie.

Un nouvel équilibre entre fête et industrie

Si la transformation vise le grand public, elle n’oublie pas les professionnels. Le salon inaugure un espace PGW Business dédié aux échanges B2B, avec un lounge, des salles de rendez-vous et une application de mise en relation. « L’objectif est de renforcer la place de Paris comme hub européen du jeu vidéo », affirme le SELL. Le secteur pèse plus de 6 milliards d’euros en France, et 1 emploi sur 5 de la filière est aujourd’hui lié à la production d’outils ou de services autour du jeu.

Après trois éditions fragilisées par la pandémie, la Paris Games Week veut aussi regagner du terrain face à ses rivaux étrangers comme la Gamescom de Cologne ou la TwitchCon. En 2024, l’événement avait accueilli 188 000 visiteurs et 159 exposants. Les organisateurs espèrent dépasser les 200 000 entrées cette année grâce à ce repositionnement. Le partenariat signé avec GL Events et Fimalac Entertainment doit permettre d’enrichir la scénographie et de professionnaliser la gestion des grands shows.

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Après des études en Affaires Publiques et à HEC Montréal, Timothé devient journaliste pigiste. Il collabore avec de nombreux médias français depuis Montréal.
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