Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump gouverne dans un climat de tension permanente avec l’administration fédérale, les médias et le Congrès. La reprise en main des agences, les nominations de loyalistes assumés, les affrontements quotidiens avec les contre-pouvoirs ont replacé son style politique au centre de la scène américaine. C’est dans ce contexte que Guillaume Hennette publie un ouvrage consacré à ce qu’il appelle « l’univers Trump », un ensemble de réseaux, de réflexes et de méthodes qui encadrent aujourd’hui la présidence américaine.
Le livre n’est ni une biographie ni une enquête classique. Il propose un panorama visuel du trumpisme, construit en portraits, schémas et séquences narratives. L’auteur y rassemble les figures centrales du système, des conseillers officiels aux intermédiaires plus discrets, des membres de la famille aux soutiens médiatiques. Le résultat tient autant du documentaire que de la satire. Il permet de saisir rapidement la logique d’un pouvoir qui avance par rupture, provocation et occupation permanente de l’espace public.
Un outil pour comprendre le contexte, mais un regard souvent fragmentaire
En retraçant les moments clés du premier passage de Trump à la Maison-Blanche, le livre éclaire plusieurs constantes redevenues visibles depuis janvier. La recherche du rapport de force, la personnalisation de toutes les décisions, l’usage calculé du conflit comme méthode politique : autant d’éléments qui structurent de nouveau la vie institutionnelle américaine. L’ouvrage montre comment cette mécanique repose sur un écosystème serré, où loyauté, influence et exposition médiatique s’entremêlent.
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Mais cette forme graphique produit aussi une vision morcelée. Les séquences se succèdent sans toujours s’inscrire dans un cadre historique ou institutionnel plus large. Le lecteur observe le fonctionnement du système, sans que les causes profondes du phénomène soient réellement explorées. Les fragilités démocratiques, les fractures sociopolitiques ou l’évolution du Parti républicain apparaissent en arrière-plan, mais rarement analysées.
Un livre qui capte la surface d’une présidence redevenue centrale
L’intérêt principal du livre tient à son ancrage dans l’actualité. Trump mène un second mandat où il tente d’aller plus loin que lors du premier, en assumant une conception verticale du pouvoir et en cherchant à limiter la marge de manœuvre des agences fédérales. Plusieurs dossiers sensibles, de l’immigration à la régulation environnementale, sont déjà traités dans une logique de contournement des contre-pouvoirs.
Dans ce climat de crispation, l’ouvrage de Guillaume Hennette offre une grille de lecture utile. Il montre comment le trumpisme se nourrit de la mise en scène, de la saturation médiatique et de la segmentation de l’opinion. Il détaille les leviers symboliques et les alliances politiques qui permettent à Trump de conserver l’initiative, même face à une opposition institutionnelle déterminée.
Un travail accessible, mais qui appelle des analyses plus approfondies
« Donald, le monde à pile ou face » permet de comprendre rapidement les ressorts d’un pouvoir fondé sur la communication et le rapport de force. Sa forme claire et son ton percutant en font une porte d’entrée efficace pour saisir l’air du temps politique américain. Mais l’ouvrage reste un point de départ. À l’heure où les États-Unis affrontent une polarisation sans précédent et où la présidence Trump reconfigure l’équilibre institutionnel, il manque une réflexion plus large sur ce qui rend ce système possible et durable.
Le livre capte un moment. Il ne le dissèque pas entièrement. C’est sa limite, mais aussi ce qui en fait un objet utile : un tableau vivant, lisible et parfois incisif d’un pouvoir qui, en 2025, n’a jamais été aussi déterminant.


