Giorgio Armani est mort à 91 ans

Le créateur italien, figure majeure de la mode mondiale, s’est éteint jeudi 4 septembre à Milan. Il laisse derrière lui un empire valorisé à plus de 10 milliards d’euros et une vision de l’élégance qui a marqué des générations.

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Le créateur de mode Giorgio Armani est entouré de Gianluca Dell'Orco et de Leo Dell'Orco à la fin du défilé Giorgio Armani Homme Printemps-Été 2025, qui s'est tenu à Milan, en Italie, le lundi 17 juin 2024.

L’annonce est tombée en début de soirée à Milan. Giorgio Armani, dernier grand couturier indépendant, est décédé à l’âge de 91 ans, entouré de ses proches. Fondateur de la maison qui porte son nom, il avait incarné pendant près de cinquante ans un style sobre et sophistiqué, habillant aussi bien les dirigeants politiques que les stars d’Hollywood. Sa disparition clôt une époque où la mode italienne dominait les podiums internationaux.

Né en 1934 à Piacenza, Armani avait d’abord envisagé une carrière médicale avant de bifurquer vers la mode dans les années 1960. En 1975, il fonde avec Sergio Galeotti la maison Armani, qui deviendra un groupe mondial présent dans la couture, le prêt-à-porter, les parfums, le mobilier, les hôtels et même le sport. « Il a changé le regard du monde sur l’élégance italienne, en imposant un tailoring fluide et moderne », souligne l’historien de la mode Olivier Saillard.

Le style Armani, symbole de pouvoir discret

Avec ses costumes aux lignes souples, Giorgio Armani a imposé un nouveau langage vestimentaire dès les années 1980. Richard Gere, vêtu par le créateur dans le film American Gigolo, incarna ce style devenu synonyme de séduction et de réussite. La maison habilla ensuite les stars des Oscars et des festivals, mais aussi des dirigeants comme Nelson Mandela, Angela Merkel ou Emmanuel Macron.

« Il a fait de la sobriété une arme de séduction », résume la ministre italienne de la Culture Gennaro Sangiuliano, qui a salué « une figure emblématique de la culture nationale ». Le créateur n’a jamais cédé aux extravagances passagères, préférant bâtir une identité intemporelle. En 2024, la marque avait généré plus de 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, confirmant la puissance intacte de son empire.

Un empire resté indépendant

Contrairement à Valentino ou Gucci, Armani a toujours refusé d’intégrer un grand conglomérat. À 91 ans, il détenait encore la totalité de son groupe, valorisé entre 10 et 12 milliards d’euros selon les analystes. « Il était le dernier des géants à contrôler son destin, un symbole d’indépendance dans une industrie dominée par LVMH et Kering », explique Luca Solca, analyste chez Bernstein.

La succession avait toutefois été anticipée. Leo Dell’Orco, fidèle collaborateur, supervise la ligne masculine, tandis que sa nièce Silvana Armani a pris en main les collections féminines. Le conseil d’administration devra désormais préciser les contours de la gouvernance, alors que les rumeurs d’un rapprochement avec un grand groupe circulent depuis plusieurs années.

La passion intacte malgré l’âge

Malgré des problèmes de santé récents, Armani avait continué à travailler sur ses collections jusqu’à cet été. Il avait toutefois manqué la Fashion Week de Milan en juin, une première qui avait inquiété le milieu. « Il répétait souvent qu’il ne se voyait pas vivre sans dessiner », confiait récemment son entourage.

Ses équipes ont publié un communiqué sobre : « Nous ressentons le vide laissé par celui qui a fondé et nourri cette maison avec vision, passion et dévouement. Nous poursuivrons son œuvre avec respect et responsabilité. » Une chapelle ardente doit être installée ce week-end à Milan, avant des obsèques privées.

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