Lamomali et Zaho électrisent une journée caniculaire à Solidays

5 minutes de lecture
Photo : Lucas Verbeke

Dix-huit heures. Alors que la scène Paris des Solidays étouffe sous la chaleur, une kora s’élève dans l’air saturé. Au centre, -M-, alias Matthieu Chedid, chapeau vissé sur la tête, esquisse un sourire : « On est venus vous donner de la lumière, du rythme, et un peu d’ombre aussi, peut-être », souffle-t-il. À ses côtés, le virtuose malien Toumani Diabaté, et sa kora céleste, réinvente le dialogue entre les continents.

Le projet Lamomali, né en 2017, a depuis pris de l’épaisseur. Dès sont entrée sur scène M semble ravi de performer aux Solidays. « C’est comme rentrer à la maison », confiait Matthieu Chedid dans un entretien à Télérama en mai dernier. Une maison où cohabitent funk, tradition mandingue, envolées rock et fulgurances électro. Les titres « Solidarité », « Manitoumani » ou « Bal de Bamako » déclenchent de véritables vagues de ferveur dans la foule, brassant aussi bien les jeunes générations que les quadras fidèles à la première heure.

Aux percussions, la transe s’installe vite. Une ferveur organique, presque mystique, portée par la voix de Fatoumata Diawara, en guest surprise, qui apparaît dans une robe rouge éclatante sur « Toi moi ». Une incandescence collective, dont les festivaliers sortent hagards, trempés — mais heureux.

« J’ai grandi dans la rage, je chante dans la paix » — Zaho, la force tranquille

Un peu plus tôt sur la scène Bagatelle, autre ambiance. Zaho monte sur scène, regard franc, énergie sobre. Elle s’adresse directement au public : « Ça fait treize ans que vous me portez. Ce soir, c’est moi qui vous élève. » Sa voix, rauque et précise, n’a rien perdu de sa puissance émotionnelle.

Connue pour ses tubes hybrides entre R&B, raï et pop urbaine, la chanteuse canadienne d’origine algérienne propose un set tendu, intime, tendrement politique. Elle enchaîne « C’est chelou », « Laissez-les kouma », « Tourner la page »… mais c’est sur « Ma meilleure », interprété en duo virtuel avec La Fouine projeté en vidéo, que l’émotion culmine. « Cette chanson parle de loyauté, et ici à Solidays, on sait ce que ça veut dire », glisse-t-elle.

Interviewée cette semaine par Le Figaro, Zaho assumait son virage plus introspectif : « J’ai grandi dans la rage, je chante désormais dans la paix. » Ce samedi soir, son concert fait figure d’exorcisme collectif. Moins démonstratif que d’autres têtes d’affiche, mais profondément humain.

Le choix d’une programmation éclectique

Mais la journée ne s’est pas résumée à ces deux piliers. Sous un soleil de plomb, la scène César Circus a vu défiler une programmation éclectique. Le rappeur Bouss, très attendu, a fait monter la température (si c’était encore possible) avec un show énergique, arrosé à la lance par les pompiers du site, pour éviter les malaises.

Dans un registre plus festif, les Belges de Glauque ont offert une prestation nerveuse, entre spoken word et synthétiseurs abrasifs, devant un public clairsemé mais conquis. Plus tôt dans l’après-midi, la Québécoise Miro a séduit par sa fraîcheur indie et ses morceaux chantés en franglais assumé. « Je suis très honorée d’être ici, j’ai l’impression d’être à Woodstock avec de la crème solaire », a-t-elle lancé avec humour.

Une fréquentation en baisse, mais une ambiance inchangée

Cette édition 2025, marquée par une météo radicalement opposée à celle de l’an passé, semble peiner à remplir les espaces. « Il y a clairement moins de monde cette année », note Alexandra, une festivalière habituée interrogée par Le Parisien. Un sentiment partagé par Luc Barruet, le fondateur du festival, qui avait anticipé cette tendance dès vendredi : « On récoltera moins d’argent que l’année dernière », reconnaissait-il.

Mais sur le terrain, les festivaliers gardent le sourire, brumisateurs et gourdes en main. « J’ai trois gourdes dans mon sac », confiait Evan, croisé près d’un point d’eau.

Partager cet article
Laisser un commentaire