Depuis son retour à l’antenne en 2022, la Star Academy est redevenue un événement du paysage audiovisuel français. Le prime du samedi soir réunit jusqu’à 4,3 millions de téléspectateurs selon TF1, un niveau que peu de programmes de divertissement atteignent encore. La quotidienne rassemble, elle, près de 1,7 million de fidèles en fin d’après-midi, confirmant l’ancrage multi-générationnel d’un format relancé dans un marché pourtant fragile. L’émission bénéficie en outre d’une dynamique rare sur les cibles jeunes : la part d’audience grimpe jusqu’à 45 % chez les 15-34 ans, signe que la marque reste l’un des rares rendez-vous capables de rassembler cette tranche d’âge.
Mais ces performances en linéaire ne racontent qu’une partie de l’histoire. À mesure que la consommation télévisuelle se fragmente, la Star Academy déploie une stratégie qui repose autant sur l’écran traditionnel que sur un écosystème numérique massif. Le directeur des contenus de TF1, Ara Aprikian, insiste régulièrement sur cette hybridation : « Quatre millions de personnes regardent le prime, mais sur une saison, 90 % des Français sont exposés à la Star Academy grâce à la télévision, au streaming et aux réseaux sociaux ». Selon le groupe, cela représente environ 54 millions de personnes. L’émission est même devenue le troisième programme le plus consommé sur la plateforme TF1+, derrière les feuilletons quotidiens du groupe.
Le prime télé comme moteur d’audience pour TF1+
Derrière les performances du samedi soir, TF1 exploite désormais l’émission comme un produit d’appel pour son offre numérique. Chaque prime génère un volume considérable de replays, d’extraits, de best-of et de contenus courts repris sur TF1+. Les quotidiennes, diffusées en amont, amplifient ce phénomène en créant un flux continu de séquences susceptibles d’être partagées sur les réseaux sociaux. La bascule vers la plateforme est assumée : la chaîne veut capter un public qui passe davantage par le mobile que par la télévision linéaire.
Cette stratégie s’accompagne d’un travail éditorial sur les codes visuels, le format court et la scénarisation quotidienne. Pour TF1, la Star Academy fonctionne comme un laboratoire, avec une logique de production pensée pour être immédiatement réutilisable sur plusieurs canaux. L’émission alimente la grille linéaire, mais aussi les flux numériques, ce qui lui offre une durée de vie démultipliée et une profondeur d’audience inédite pour un programme de flux.
Une machine à générer des streams
La force de l’écosystème numérique du programme dépasse le seul cadre de TF1. Avec plus d’un milliard de streams cumulés depuis 2022 selon Sony Music France, les titres interprétés par les académiciens, en solo ou en groupe, s’installent dans les classements en ligne. La visibilité offerte par le prime produit un effet immédiat sur les plateformes : les morceaux repris sur le plateau voient leurs écoutes bondir dans les heures qui suivent. La Star Academy agit ainsi comme un levier puissant pour des artistes confirmés, mais aussi comme un accélérateur de carrière pour les élèves.
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Cette dynamique conforte les liens entre TF1 et les majors : les maisons de disques suivent désormais chaque épisode en temps réel, afin d’anticiper les retombées sur les plateformes. Dans un marché musical où le streaming structure désormais l’essentiel des revenus, la Star Academy est devenue un outil de promotion d’une redoutable efficacité. Les signatures précoces des candidats à la sortie de l’émission témoignent de cette évolution.
Une franchise qui conserve l’avantage dans un marché éclaté
À l’heure où la télévision peine à retenir ses audiences, la Star Academy illustre un modèle hybride qui combine puissance du direct et efficacité numérique. Sa capacité à toucher presque tous les publics en fait un actif stratégique pour TF1, à un moment où les chaînes misent davantage sur des marques capables de s’exporter, de se décliner et d’alimenter les plateformes.
En s’appuyant sur une double consommation – linéaire et numérique – le télé-crochet consolide son statut de programme fédérateur dans un environnement fragmenté. Et rappelle que, même en 2025, certains formats télé peuvent encore structurer des audiences massives, à condition de savoir jouer sur plusieurs écrans à la fois.


