Au fil des années, We Love Green s’est hissé parmi les rendez-vous majeurs de la scène estivale. Porté par une ligne artistique exigeante et un engagement écologique revendiqué, le festival s’impose comme un laboratoire de la musique actuelle, capable d’attirer des artistes de premier plan sans renier ses convictions. Du 6 au 8 juin, le bois de Vincennes a accueilli plus de 120 000 personnes, selon les organisateurs. Seule la journée du samedi a affiché complet, tirée par la venue de Charli XCX.
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Une programmation structurée autour de têtes d’affiche solides
Charli XCX a livré un concert dense et contrôlé, porté par les titres de son album Brat, avec une mise en scène qui privilégie les ruptures rythmiques et visuelles. Quelques heures plus tôt, elle avait déjà surpris les festivaliers en rejoignant le groupe Air sur scène pour interpréter Cherry Blossom Girl, saluée comme l’un des moments forts du week-end. Clara Luciani, quant à elle, a rassemblé un public familial le dimanche, pour un concert pop-rock ponctué de ses titres phares, de La Grenade à Amour toujours.

Le vendredi a été placé sous le signe du rap. Tiakola, SDM et Vald se sont succédé sur la grande scène. Tiakola a livré une prestation sobre et efficace, où son répertoire afro-urbain a fédéré un public dense. SDM, programmé plus tard dans la soirée, a su mêler chant, guitare électrique, rythmes congolais et ballades, dans un concert très suivi. Vald, invité de dernière minute, a déstabilisé avec une direction scénique plus électronique et performative.
Une scène émergente féminine très remarquée
Théodora, portée par le succès de son titre Kongolese sous BBL, a rassemblé une foule compacte sur la scène Canopée. Son mélange de R&B, rock et musiques afro-caribéennes s’impose comme une signature forte. La jeune artiste Miki, 24 ans, a également marqué les esprits avec son électro nerveuse et sa vitalité scénique, dans un concert très suivi par le public le plus jeune.

Venue de Martinique, Maureen a trouvé cette année un public hexagonal à la hauteur de sa réputation antillaise. Sa maîtrise du shatta, soutenue par une scénographie énergique, confirme son rôle moteur dans l’implantation de ce genre musical en métropole. À leurs côtés, l’Espagnole Judeline et la Belge Camille Yembe ont proposé des formats plus intimistes, mais tout aussi soignés.
Performances visuelles et formats scéniques exigeants
FKA Twigs a proposé un concert pensé comme une performance à part entière, alternant chant, danse, pole dance et maniement d’accessoires dans une scénographie métallique. Sampha a opté pour un dépouillement total, misant sur la qualité musicale de ses compositions et la sobriété de son falsetto. Beach House, fidèle à son esthétique, a enchaîné les morceaux dans une pénombre maîtrisée, créant une forme d’hypnose collective.

L’un des objectifs de la direction artistique reste de créer des conditions propices à des concerts où le fond prime sur la forme. Le public, souvent connaisseur, y est sensible. Le festival conserve ainsi un équilibre entre expérience esthétique, exigence artistique et accessibilité grand public.
Une empreinte militante toujours revendiquée
Au-delà des concerts, We Love Green conserve un volet engagé. Une vingtaine de conférences ont été organisées sur place, portant sur l’écologie, la guerre à Gaza, la démocratie ou la justice alimentaire. Si la fréquentation de ces formats reste marginale par rapport aux scènes musicales, leur présence rappelle les origines militantes du festival. Le recours à l’énergie solaire et aux structures temporaires légères reste un pilier de l’organisation.
L’édition 2025 s’inscrit dans une logique de consolidation. Sans bouleverser sa formule, le festival a confirmé ses équilibres. Il attire un public toujours plus large, sans renoncer à sa ligne artistique. Dans un contexte de saturation des événements musicaux, We Love Green continue d’émerger par la clarté de sa proposition.