L’adoption de cette taxe constitue l’un des points marquants du projet de loi de finances 2026. La disposition cible les colis à bas prix importés directement de l’étranger, un flux en pleine explosion depuis l’essor des plateformes de e-commerce asiatiques. Concrètement, chaque article contenu dans un colis extra-européen de moins de 150 € sera soumis à une taxe fixe de 2 €. Le gouvernement affirme vouloir corriger une forme de concurrence déloyale et alléger la charge financière que représente pour l’État le traitement douanier de plusieurs centaines de millions de petits envois par an.
Cette taxe s’ajoute au dispositif déjà existant de déclaration électronique et d’examen renforcé pour ces importations. Pour l’exécutif, il s’agit d’un levier immédiat pour rééquilibrer les règles du jeu dans un marché où les produits ultra-bon marché échappent souvent aux obligations douanières classiques.
Un marché saturé de colis à bas prix
Ces dernières années, l’Europe a vu affluer des milliards de colis de faible valeur, en grande majorité en provenance d’Asie. La France n’échappe pas à cette tendance, avec plusieurs centaines de millions d’envois annuels traités par les douanes. Cette explosion du volume a eu un effet direct : une pression logistique accrue, des contrôles difficilement tenables et un manque à gagner fiscal important.
Pour Bercy, la taxe veut répondre à deux enjeux. Le premier est budgétaire : la gestion des petits colis coûte cher et mobilise des effectifs considérables, sans contrepartie financière suffisante. Le second est commercial : les commerçants français, notamment dans le textile ou les accessoires, dénoncent une distorsion de concurrence face à des produits vendus quelques euros et expédiés à bas coût depuis des plateformes étrangères.
Selon les estimations internes au gouvernement, cette nouvelle taxe pourrait rapporter plus d’un milliard d’euros par an, de quoi financer une montée en puissance des contrôles douaniers et le recrutement de nouveaux agents.
Des critiques sur l’efficacité réelle du dispositif
Si la mesure est saluée par une partie du commerce de détail, son efficacité fait débat. Plusieurs spécialistes du commerce international soulignent qu’une taxe forfaitaire risque de produire un impact limité sur des produits vendus extrêmement bon marché. Les plateformes pourraient absorber une partie du surcoût ou le répercuter légèrement, sans modifier profondément l’attractivité de ces commandes pour les consommateurs.
D’autres mettent en garde contre le risque de contournement. Tant que la réglementation européenne ne sera pas harmonisée, certains flux pourraient transiter par des pays voisins où les contrôles sont moins stricts, avant d’être réexpédiés vers la France. Les douanes françaises admettent elles-mêmes qu’une réforme plus large devra intervenir au niveau européen dans les prochaines années.
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Chez les consommateurs, le ressenti sera variable. Pour un article à 3 € ou 4 €, la taxe fera grimper la facture de manière sensible. Sur des paniers plus élevés, l’impact restera marginal. Les associations de consommateurs observent aussi que la transparence des plateformes sur le prix final sera un enjeu crucial.
Une entrée en vigueur dès le 1ᵉʳ janvier 2026
La mesure s’appliquera dès le début de l’année prochaine, sous réserve de l’adoption définitive du budget. Les transporteurs et les plateformes devront intégrer cette taxe dans leurs systèmes de déclaration et leurs chaînes logistiques, ce qui demandera plusieurs semaines d’adaptation.
Le gouvernement estime que cette contribution permettra enfin de « faire payer ceux qui bénéficient le plus du système », selon l’expression d’un conseiller. Reste à savoir si cette taxe changera réellement l’équilibre du commerce en ligne ou si elle ne deviendra qu’une ligne supplémentaire sur la facture des acheteurs.


