Jean-Pierre Farandou restera finalement quelques mois de plus à la tête de la SNCF. Alors qu’il devait quitter son poste début juillet, atteint par la limite d’âge fixée à 68 ans, le PDG du groupe public a annoncé mercredi avoir accepté de prolonger son intérim « jusqu’à l’automne », à la demande de l’État. Une décision entérinée le 19 juin en conseil d’administration et que l’assemblée générale de l’entreprise, prévue le 30 juin, ne devrait pas contester.
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« Je rends service. Ce n’est pas moi qui m’accroche. Cette entreprise, c’est la mienne », a déclaré le dirigeant au Figaro. Ce cheminot « première langue », entré à la SNCF en 1981, avait pourtant envisagé de passer la main après les Jeux olympiques. Mais la valse des gouvernements et l’impasse parlementaire ont retardé sa succession.
Castex prêt, mais pas tout à fait éligible
Derrière ce maintien provisoire se dessine une stratégie claire de l’exécutif : attendre la mi-novembre pour pouvoir nommer Jean Castex à la tête de l’opérateur historique. L’ancien Premier ministre, aujourd’hui PDG de la RATP, coche toutes les cases du profil recherché. Mais un obstacle juridique retarde sa nomination : son court passage à la présidence de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), en 2022, impose un délai de trois ans avant de pouvoir occuper un poste en lien avec ses anciennes fonctions, selon les règles de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
La solution envisagée consisterait à maintenir Farandou à la présidence du conseil d’administration – une fonction qui n’est pas concernée par la limite d’âge – tout en nommant un directeur général par intérim. « C’est un intérim qui dure, qui dure, qui dure », résume Sud Ouest.
Une entreprise en ordre de marche
Ce report n’est pas sans enjeu. Farandou compte profiter de ces mois supplémentaires pour plaider en faveur d’un effort financier accru sur l’entretien du réseau ferroviaire. « Il faut doter SNCF Réseau d’un budget annuel de 4,5 milliards d’euros à partir de 2028, soit un milliard de plus qu’aujourd’hui », insiste-t-il. Il mise notamment sur la future conférence « Ambition France Transport » et sur de nouvelles ressources potentielles : taxe poids lourds, quotas carbone, revenus autoroutiers post-concessions.
Jean-Pierre Farandou laisse une entreprise en meilleure santé financière qu’à son arrivée. Malgré les turbulences de la réforme des retraites – qui lui avaient valu les foudres de Bercy au printemps 2024 –, il a su redresser les comptes, avec un bénéfice de 2,4 milliards d’euros en 2022, suivi de 1,3 milliard en 2023. De quoi financer les rames TGV nouvelle génération attendues pour 2026.
Une habitude macronienne
Reste à savoir si l’automne sonnera enfin l’heure du passage de relais. « Le style Macron, c’est souvent de laisser traîner », constatait récemment Le Monde. À la SNCF, comme à La Poste ou ADP, les patrons jouent les prolongations. Et le suspense demeure