La bataille pour La Plagne était devenue l’un des dossiers les plus scrutés du monde de la montagne. Après plusieurs mois de procédure, le Syndicat intercommunal de la Grande Plagne a finalement tranché : la gestion du domaine sera reconduite à son opérateur historique, la Société d’aménagement de La Plagne. La filiale de la Compagnie des Alpes conservera donc la main sur l’une des stations les plus fréquentées d’Europe pour les vingt cinq prochaines années.
Pour le groupe, qui a essuyé récemment plusieurs revers dans d’autres appels d’offres, la victoire est bien plus qu’un simple renouvellement. Elle garantit la continuité d’exploitation sur un domaine stratégique, fort de 225 kilomètres de pistes et d’une altitude élevée, gage de résilience face au réchauffement.
Un appel d’offres sous tension
Deux candidats étaient en lice. Face à la Compagnie des Alpes se trouvait Altiservice, qui ambitionnait de reprendre La Plagne. Au fil des auditions, les élus ont dû arbitrer entre un opérateur installé depuis trente sept ans et un concurrent promettant une rupture complète dans la manière d’exploiter la montagne.
Le dossier retenu met en avant une maîtrise technique du terrain, des investissements massifs et une stratégie d’adaptation climatique intégrée. Selon les documents transmis aux communes, plus de cinq cents millions d’euros seront consacrés à la modernisation des remontées mécaniques, à l’amélioration de la neige de culture et à un programme quatre saisons destiné à réduire la dépendance hivernale.
Pour les élus, cet ancrage historique a pesé. Il s’agit du domaine qui génère le plus grand volume de journées skieurs du pays, dont dépendent directement des centaines d’emplois locaux. La stabilité de l’exploitant était présentée comme un élément clé avant les Jeux olympiques d’hiver de 2030, auxquels La Plagne doit contribuer.
Un contrat colossal pour un groupe en reconquête
Le contrat représente un chiffre d’affaires cumulé estimé à cinq milliards d’euros. Un montant qui permet à la Compagnie des Alpes de consolider son carnet de commandes après la perte des Deux Alpes et de Tignes.
Dominique Thillaud, directeur général, a défendu lors des échanges le positionnement du groupe comme acteur européen pleinement engagé dans la transition énergétique. La station, située en grande partie au dessus de deux mille mètres, est considérée par l’entreprise comme un pilier de sa stratégie de résilience climatique.
Les communes devraient, selon les projections financières, tripler les recettes qu’elles perçoivent grâce à la nouvelle DSP. Le SIGP avait lancé la procédure très en amont afin d’éviter tout vide juridique ou technique en 2027, date de fin du précédent contrat.
Des choix qui engagent durablement le territoire
Les enjeux dépassent largement l’exploitation des pistes. La délégation comprend également le réseau de navettes, élément clé de la mobilité intra station, ainsi que la piste de bobsleigh olympique, dont la maintenance est réputée exigeante. La Compagnie des Alpes s’est engagée à maintenir ces infrastructures au meilleur niveau dans la perspective des Jeux.
En conservant La Plagne, le groupe sécurise une part majeure de son activité montagne. Pour les élus, le choix reflète une volonté de stabilité et de lisibilité à long terme dans un secteur exposé à des coûts d’exploitation grandissants et aux incertitudes climatiques.


