Après deux années fastes, la période d’euphorie s’achève pour Rémy Cointreau. Le groupe, propriétaire de Rémy Martin, Mount Gay et Cointreau, a annoncé jeudi revoir ses ambitions à la baisse. La faute à une « dégradation des conditions de marché en Chine » et à un redressement plus lent que prévu aux États-Unis.
Sur le premier semestre de son exercice décalé 2025-2026, le chiffre d’affaires recule de 4,2 % en organique, à 489,6 millions d’euros. Le deuxième trimestre a été particulièrement difficile, avec un repli de 11 % à taux constants. La zone Asie-Pacifique, moteur historique du cognac, chute de près de 15 %, plombée par un marché chinois en plein essoufflement.
Le luxe frappé de plein fouet
La Chine, longtemps eldorado du cognac haut de gamme, tourne désormais le dos aux spiritueux les plus chers. Le groupe constate un net recul de la demande pour les bouteilles premium, symbole d’un changement d’habitude des consommateurs vers des produits plus abordables et des moments de consommation plus décontractés.
« Le ralentissement chinois s’est aggravé et touche désormais le segment le plus haut du marché », admet la direction.
Cette situation est d’autant plus délicate que le cognac représente encore plus de la moitié du chiffre d’affaires du groupe. Les exportations pâtissent en outre de l’instauration de droits antidumping en Chine sur les eaux-de-vie européennes, jusqu’à 35 %, tandis que la demande américaine peine à reprendre après la surconsommation post-Covid.
Un exercice de transition
Rémy Cointreau tablait initialement sur une croissance organique « modérée » de ses ventes. Il prévoit désormais une activité stable ou en très légère hausse, et un recul plus marqué de son résultat opérationnel courant, attendu en baisse de 10 à 15 %. Les effets de change négatifs devraient peser pour environ 50 à 60 millions d’euros sur le chiffre d’affaires et jusqu’à 30 millions sur le résultat.
Aux États-Unis, le groupe promet de renforcer ses investissements marketing sur ses marques phares, sans attendre un rebond rapide. Le contexte reste tendu pour l’ensemble du secteur : Pernod Ricard, Campari et LVMH subissent eux aussi la désaffection du marché chinois et la fin d’un cycle haussier.
Un marché à réinventer
Rémy Cointreau veut désormais diversifier ses relais de croissance vers les liqueurs et les spiritueux artisanaux, tout en préservant son positionnement premium. Le groupe mise aussi sur les marchés émergents pour compenser le reflux asiatique. « 2025-2026 sera une année d’ajustement », résume sobrement la direction.
Une façon polie d’admettre que la Chine n’est plus le moteur du cognac français.


