« C’est un mauvais signal » : Éric Lombard critique l’investissement de 20 milliards de Sanofi aux États-Unis

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Pour le groupe Français ces investissements sont nécessaires pour ne pas s'exposer aux sanctions américaines. Benoit Tessier / REUTERS

L’annonce de Sanofi d’investir 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030 ne plait guère au ministre de l’Économie, Éric Lombard, qui dénonce un choix stratégique au détriment de la France.

« C’est un mauvais signal », a réagi Éric Lombard, ministre de l’Économie, à l’annonce de Sanofi d’investir 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030. Une décision qui, selon lui, montre une priorité donnée au marché américain au détriment des investissements en France.

Une décision stratégique pour Sanofi

Sanofi a confirmé jeudi 15 mai son intention de renforcer massivement sa présence en Amérique du Nord. Ces 20 milliards de dollars seront consacrés à la recherche et développement, ainsi qu’à la production de médicaments de nouvelle génération, en particulier dans le domaine des vaccins à ARN messager.

« Les États-Unis représentent 49 % de notre chiffre d’affaires, il est crucial pour nous de renforcer notre présence sur ce marché », a justifié Paul Hudson, directeur général de Sanofi. Une explication qui peine à convaincre Éric Lombard, pour qui cette décision « montre que la politique industrielle française ne parvient pas à retenir ses fleurons ».

« Nous continuons d’investir en France »

Pour Sanofi, ce choix s’inscrit dans une logique de compétitivité mondiale. Le groupe, qui a récemment cédé sa filiale de médicaments grand public Opella au fonds américain CD&R, veut se concentrer sur les biotechnologies et les traitements innovants, délaissant les produits historiques comme le Doliprane.

« Ce n’est pas un désengagement de la France, mais un repositionnement stratégique », assure un porte-parole de Sanofi. « Nous continuons d’investir en France, notamment avec notre centre de R&D à Marcy-l’Étoile. »

Les critiques s’enchaînent

Mais les réactions sont vives. « Sanofi oublie ce qu’il doit à la France », a déploré Marie-Noëlle Battistel, députée socialiste. Les syndicats redoutent déjà des fermetures de sites en France. « On assiste à une délocalisation de la recherche et de la production, au détriment des emplois français », s’indigne Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

Pour les analystes, ce virage de Sanofi est à double tranchant. « C’est un pari sur l’avenir, mais qui pourrait fragiliser l’image du groupe en France », estime Stéphane Loiseau, analyste chez Oddo BHF. En Bourse, l’annonce a fait perdre 3 % au titre Sanofi.

Sanofi, de son côté, maintient sa ligne. « Nous devons rester compétitifs à l’échelle mondiale », a insisté Paul Hudson. Mais pour Éric Lombard, la pilule a du mal à passer.

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