Les États-Unis et l’Ukraine ont signé un accord majeur sur l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes, incluant minerais, gaz et pétrole. Cet accord montre un tournant dans les relations entre les deux pays, tout en plaçant l’économie ukrainienne au cœur d’un vaste plan de reconstruction, auquel il ne manque plus de Marshall que le nom.
La création d’un fonds bilatéral
Le texte, signé le 30 avril dernier, prévoit la création d’un fonds d’investissement et de reconstruction commun, baptisé United States-Ukraine Reconstruction Investment Fund. Alimenté par les deux pays, ce fonds a pour mission de piloter les futurs projets d’exploitation des ressources naturelles présentes sur territoire ukrainien.
La ministre ukrainienne de l’Économie, affirme que cet accord respectera la souveraineté de l’Ukraine :
« C’est l’État ukrainien qui décide où et quoi extraire. Le sous-sol reste propriété nationale. »
– Ioulia Svyrydenko, Ministre du Développement économique et du Commerce ukrainien
Une négociation tendue
Proposé pour la première fois par le président Volodymyr Zelensky en septembre 2024, le projet avait suscité la réticence de l’administration Trump. Le candidat à la présidence américaine exigeait une « compensation » pour les aides militaires et financières à l’Ukraine, qu’il estimait à 333 milliards d’euros. Ce chiffre a depuis été contesté. L’aide des États-Unis apporté à l’Ukraine – entre le 22 février 2022, début de l’invasion russe, et le 31 décembre 2024 – s’est élevée à 114,1 milliards d’euros.
Fortement déséquilibré, le projet d’accord avait donc été rejeté officiellement par Kiev. Depuis, les négociations se sont faites plus discrètement. La partie ukrainienne, travaillant avec des juristes internationaux, à ainsi donné naissance aux amendements et contre-propositions, constituant l’accord final, signée le 30 avril. Ce dernier n’inclut plus aucune clause de remboursement pour l’aide passée depuis 2022 par Washington. Évitant ainsi de creuser davantage la dette ukrainienne.
Un accès VIP pour les entreprises américaines
En contrepartie, les États-Unis obtiennent un accès prioritaire aux ressources minières et stratégiques ukrainienne. Notamment les terres rares, le graphite, le titane et le lithium, essentiels à l’industrie des nouvelles technologies et à la transition énergétique. L’Ukraine posséderait environ 5 % des réserves mondiales de terres rares. Bien que certaines se trouvent dans des zones actuellement occupées par la Russie.
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Un accord commercial, pas militaire
Malgré son importance économique, l’accord ne comporte pas de garanties défensives pour Kiev. Aucun engagement n’a été pris officiellement sur la fourniture d’armes ou une protection directe contre de futures attaques russes. Toutefois, selon des sources diplomatiques au Kyiv Post, relayées par le Times et The Guardian, le gouvernement Trump a annoncé au Congrès américain qu’il avait l’intention de donner son feu vert à une nouvelle aide de 50 millions de dollars, de matériel militaire.
« L’administration Trump s’engage pour une Ukraine libre, souveraine et prospère […] aucun acteur lié à la machine de guerre russe ne pourra profiter de la reconstruction ukrainienne. »
– Scott Bessent, Secrétaire américain au Trésor
Une alliance économique sur fond de guerre
Cet accord offre une base à une coopération économique durable entre Kiev et Washington. Ancrant les États-Unis à long terme en Ukraine, tout en annonçant préserver la souveraineté de ce dernier. Néanmoins, la poursuite du conflit armé avec la Russie et l’absence de garanties sécuritaires pour l’Ukraine, laissent planer l’incertitude sur sa mise en œuvre effective.
L’accord signé le 30 avril, représente un compromis politique dans un contexte diplomatique toujours plus tendu, mais une opportunité économique pour un pays en pleine reconstruction.