C’est un nouveau drame qui s’ajoute à une liste déjà longue. Un Boeing 787 Dreamliner de la compagnie Air India s’est écrasé jeudi 12 juin peu après son décollage d’Ahmedabad, dans le nord-ouest de l’Inde. L’appareil transportait 242 personnes, dont une seule a survécu selon les autorités locales. L’avion s’est abîmé sur une zone résidentielle, causant des dégâts considérables et au moins 265 morts confirmés à ce stade.
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Cet accident, le plus meurtrier impliquant un 787 depuis son entrée en service, porte un nouveau coup à Boeing, déjà englué dans une série noire sans précédent. L’enquête ne fait que commencer, mais plusieurs vidéos amateur montrent l’avion semblant perdre de l’altitude de manière brutale juste après le décollage.
Une série noire qui ne cesse de s’allonger
Ce crash intervient dans un contexte déjà extrêmement délicat pour l’avionneur américain. Depuis les deux catastrophes du 737 MAX en 2018 et 2019, Boeing peine à redorer son image. Et malgré une reprise des commandes – notamment avec la récente méga-commande de Qatar Airways portant sur plus de 150 long-courriers – les incidents techniques et les polémiques continuent de ternir la réputation du groupe.
Rien qu’en mai dernier, la FAA (l’agence fédérale américaine de l’aviation) rappelait que la production du 737 MAX restait limitée à 38 exemplaires mensuels, tant les problèmes de qualité persistent. L’agence impose encore une « surveillance agressive » sur Boeing, réclamant une amélioration du système de gestion de la sécurité interne de l’entreprise.
L’effet domino d’un modèle stratégique fragilisé
Le Dreamliner, fleuron des long-courriers modernes, n’avait jusqu’ici jamais été impliqué dans un accident fatal. Son implication dans ce crash ravive les doutes sur la chaîne de sous-traitance de Boeing, notamment l’usine Spirit AeroSystems à Wichita, déjà mise en cause dans des défauts de fabrication.
Les difficultés industrielles ne sont pas les seules à peser. Sur le plan judiciaire, Boeing est également sous le feu des critiques. Un accord controversé conclu avec le gouvernement américain lui permet d’échapper à un procès pénal dans le dossier des 737 MAX, au grand dam des familles des victimes.
Une confiance à reconstruire
La chute de l’action Boeing de plus de 5 % à Wall Street dans les heures ayant suivi le crash reflète l’ampleur de la crise de confiance. Si les commandes affluent à nouveau, la question reste entière : Boeing peut-il garantir la fiabilité de ses appareils ? L’image de qualité et de sécurité, longtemps associée au constructeur américain, semble durablement écornée.
Alors que le Salon du Bourget s’ouvre dans quelques jours, l’absence probable du Dreamliner sur le tarmac pourrait symboliser la fragilité actuelle du géant américain. Plus que jamais, Boeing se retrouve à un tournant : redresser sa gouvernance industrielle ou voir ses rivaux – notamment le chinois Comac – combler le vide.