Cachemire : escalade diplomatique entre l’Inde et le Pakistan après un nouvel attentat

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Le Premier ministre indien Narendra Modi

Après un attentat meurtrier contre des soldats indiens dans la région du Cachemire, New Delhi a suspendu la délivrance de visas aux ressortissants pakistanais et fermé plusieurs points de passage frontaliers. Islamabad dénonce une manœuvre hostile.

La tension entre New Delhi et Islamabad est montée d’un cran ces dernières 48 heures, après l’attentat meurtrier survenu dans la région du Cachemire indien. En réponse, l’Inde a annoncé la suspension immédiate de la délivrance de visas aux ressortissants pakistanais et la fermeture temporaire de plusieurs points de passage frontaliers. Le Pakistan a dénoncé une « décision hostile » et rappelé son ambassadeur pour consultations.

L’attaque, survenue lundi dans le district de Pulwama, a coûté la vie à au moins onze soldats indiens. Le mode opératoire rappelle celui de l’attentat de 2019, revendiqué alors par le groupe Jaish-e-Mohammed, basé au Pakistan. Cette fois, aucune organisation n’a encore officiellement revendiqué les faits, mais l’Inde a pointé « l’implication probable de réseaux opérant depuis le territoire pakistanais ».

Une frontière sous haute tension

Les autorités indiennes ont ordonné la fermeture de trois des six points de passage officiels entre les deux pays, notamment à Poonch et Uri, sur la ligne de contrôle (LoC). Le ministère indien de l’Intérieur justifie cette mesure par « des impératifs de sécurité nationale ». Des renforts militaires ont également été déployés dans la zone, où la situation est restée tendue mardi, malgré l’absence d’affrontements.

Côté pakistanais, la fermeture unilatérale est qualifiée de « provocation » dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « L’Inde cherche à détourner l’attention de la situation intérieure en exacerbant les tensions à la frontière », accuse Islamabad. La ligne téléphonique militaire directe entre les deux États serait toutefois restée active.

Un climat régional déjà fragilisé

L’attaque intervient dans un contexte de regain d’instabilité dans la vallée du Cachemire, région à majorité musulmane disputée depuis 1947. Depuis l’annulation du statut d’autonomie de l’État indien du Jammu-et-Cachemire par le gouvernement Modi en 2019, la région connaît une recrudescence des violences, souvent imputées par New Delhi à des groupes islamistes soutenus par le Pakistan — ce que ce dernier dément systématiquement.

Cette nouvelle flambée de tensions inquiète la communauté internationale. Le département d’État américain a appelé « à la retenue » et rappelé la nécessité « d’un dialogue bilatéral », tandis que Pékin a invité ses deux partenaires régionaux à « éviter l’escalade ».

Un face-à-face qui s’installe

Depuis plusieurs mois, les canaux diplomatiques entre l’Inde et le Pakistan sont quasiment gelés. Les dernières discussions bilatérales remontent à septembre 2023, à la marge d’un sommet régional au Sri Lanka. En réponse à l’attentat, le Premier ministre indien Narendra Modi a annulé une rencontre prévue avec son homologue pakistanais Shahbaz Sharif en marge d’un forum sur la sécurité en Asie centrale.

L’opinion publique des deux pays, largement polarisée, semble peu encline à l’apaisement. Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott, aux sanctions et à la fermeté se multiplient. Le Cachemire, une fois encore, s’impose comme l’épicentre d’un face-à-face où chaque incident peut faire basculer l’équilibre.

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