Débat présidentiel en Pologne : affrontement houleux entre les candidats

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Rafał Trzaskowski

Débat présidentiel en Pologne : affrontement houleux entre les candidats

KONSKIE, 11 avril 2025 (AFP) – Le premier débat télévisé réunissant huit candidats à l’élection présidentielle polonaise s’est tenu vendredi dans la ville de Konskie, révélant les profondes divisions politiques du pays. Les discussions ont principalement porté sur la sécurité nationale, les relations internationales et la politique migratoire, dans un contexte de préoccupations croissantes liées à la guerre en Ukraine et aux incertitudes concernant le soutien des États-Unis sous la présidence de Donald Trump.

Initialement prévu pour opposer uniquement les deux favoris du scrutin – le maire libéral de Varsovie, Rafał Trzaskowski, représentant la Coalition civique (KO, au pouvoir), et l’historien conservateur Karol Nawrocki, soutenu par le parti Droit et Justice (PiS, nationaliste) – le débat a finalement inclus six autres candidats, suite aux critiques concernant leur exclusion. Parmi eux, Magdalena Biejat de La Gauche, Szymon Hołownia de Pologne 2050, et Adrian Zandberg de Razem. Sławomir Mentzen, candidat de l’extrême droite libertarienne Confédération, crédité de 14 à 19 % des intentions de vote, a toutefois refusé d’y participer, qualifiant l’événement de « cirque ».

Les débats ont été marqués par des échanges vifs, notamment lorsque Karol Nawrocki a déposé un drapeau arc-en-ciel sur le pupitre de Rafał Trzaskowski, critiquant ainsi son soutien aux droits LGBTQ+. Ce geste a exacerbé les tensions et illustré les clivages profonds entre les candidats sur les questions sociétales.

Sur le plan de la sécurité nationale, la majorité des candidats ont plaidé pour un renforcement des capacités militaires de la Pologne. Rafał Trzaskowski a réitéré l’engagement du gouvernement à consacrer prochainement 5 % du PIB à la défense nationale, contre 4,7 % prévus cette année. De son côté, Karol Nawrocki a exprimé le souhait de voir l’armée polonaise atteindre un effectif de 300 000 soldats, contre environ 200 000 actuellement.

En matière de relations internationales, Karol Nawrocki a mis l’accent sur le renforcement des liens avec les États-Unis et l’OTAN, tandis que Rafał Trzaskowski a souligné l’importance de l’Union européenne pour la sécurité et la prospérité de la Pologne. Nawrocki a également appelé à instaurer des contrôles à la frontière polono-allemande, accusant le gouvernement actuel d’avoir « abdiqué » face à l’Allemagne, qui, selon lui, renvoie en Pologne « des migrants illégaux ». Il a affirmé : « Je ne serai pas le majordome de l’État allemand ».

La Pologne connaît actuellement une cohabitation difficile entre le gouvernement de coalition de Donald Tusk et le président sortant Andrzej Duda, proche du PiS. Ce dernier oppose régulièrement son veto aux initiatives législatives du gouvernement, contribuant à un climat politique tendu.

Le premier tour de l’élection présidentielle est prévu le 18 mai. Selon les sondages, un second tour, programmé le 1er juin, sera probablement nécessaire pour départager les candidats en tête et désigner le successeur du président sortant.

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