Donald Trump défie l’ONU et fustige le « globalisme » à la tribune new-yorkaise

À l’Assemblée générale des Nations unies, Donald Trump a livré un discours offensif, rejetant frontalement le multilatéralisme et attaquant les politiques climatiques et migratoires des pays européens. Une intervention qui accentue la fracture entre Washington et ses alliés.

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Donald Trump a prononcé un discours offensif à l’ONU, rejetant le multilatéralisme et attaquant les politiques climatiques et migratoires européennes, accentuant la fracture transatlantique.
Donald Trump a prononcé un discours offensif à l’ONU, rejetant le multilatéralisme et attaquant les politiques climatiques et migratoires européennes, accentuant la fracture transatlantique.

La scène est connue : le marbre vert de la tribune new-yorkaise, les drapeaux des 193 États membres, les regards des délégations suspendus au moindre mot. Mais cette année, l’Assemblée générale des Nations unies avait des allures de meeting électoral. Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier, a donné mardi une version condensée de sa vision du monde. Moins d’une demi-heure d’intervention suffirent pour affirmer une ligne qui, de l’avis même de certains diplomates présents, « sape les fondements du multilatéralisme ».

Dès les premières minutes, l’ancien magnat de l’immobilier a planté le décor. « Quel est le but des Nations unies ? », a-t-il lancé, accusant l’organisation d’inefficacité et de « créer des problèmes plutôt que d’en résoudre ». Le ton était donné : il ne s’agissait pas de tendre la main aux institutions internationales, mais de rappeler que la seule légitimité repose, selon lui, sur la souveraineté des États.

Une charge frontale contre le climat

Comme souvent depuis son retour à la Maison-Blanche, le climat a servi de punching-ball. Donald Trump a qualifié le réchauffement climatique de « plus grand canular jamais perpétré », reprenant une formule déjà utilisée dans le passé, et accusant les pays européens de « saborder leurs économies pour des illusions vertes ». Devant un parterre de diplomates médusés, il a promis que les États-Unis poursuivraient leur « indépendance énergétique totale », en misant sur le pétrole et le gaz.

« Nous ne permettrons pas que des bureaucrates non élus dictent nos choix économiques », a-t-il ajouté, en visant explicitement la Commission européenne. Dans la salle, quelques délégués ont quitté discrètement l’hémicycle. D’autres ont pris des notes, conscients que ce discours scellait le refus américain de toute coopération renforcée sur les objectifs climatiques. António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, avait pourtant ouvert la session par un appel solennel à « sortir de l’ère des énergies fossiles ». Deux visions irréconciliables s’étaient succédé à quelques minutes d’intervalle.

Immigration et identité nationale

L’autre grand volet du discours a porté sur l’immigration. Donald Trump a exhorté les États à « fermer leurs frontières » et à expulser les étrangers en situation irrégulière. Il a accusé les politiques européennes de « ruiner leurs nations » et dénoncé un « agenda migratoire globaliste » promu, selon lui, par l’ONU elle-même. « Nous ne laisserons pas les globalistes décider qui peut entrer chez nous », a-t-il martelé, déclenchant quelques applaudissements de la délégation américaine mais un silence glacial dans la salle.

Pour le président américain, la migration n’est pas seulement une question de sécurité mais aussi de civilisation. Il a insisté sur la nécessité de « protéger l’identité culturelle et religieuse des nations », allant jusqu’à évoquer la persécution du christianisme. Un discours qui trouve un écho auprès de ses soutiens intérieurs mais qui tranche avec les appels répétés de plusieurs dirigeants européens en faveur d’une coopération internationale sur les flux migratoires.

Un faiseur de paix autoproclamé

Plus surprenant, Donald Trump a endossé le rôle de pacificateur. « Depuis mon retour, j’ai terminé sept guerres », a-t-il affirmé, sans en préciser la liste. Il a accusé l’ONU de n’avoir « rien fait pour empêcher ces conflits » et de se contenter « de discours creux ». Cette revendication, immédiatement contestée par des diplomates présents, illustre sa volonté de se poser en dirigeant pragmatique, seul capable de « ramener la paix par la force ».

En coulisses, plusieurs délégués européens ironisaient sur ce bilan, jugeant l’énumération « confuse » et « invérifiable ». Mais pour Donald Trump, l’essentiel n’était pas là : il s’agissait de réaffirmer que Washington entendait agir seul, quitte à reléguer les organisations internationales au second plan.

Des alliés européens dans la ligne de mire

Au-delà des institutions, ce sont les alliés traditionnels des États-Unis qui ont été visés. Donald Trump a reproché aux Européens leur dépendance persistante aux hydrocarbures russes, leur incapacité à accroître leurs budgets militaires et leur « politiquement correct » qui, selon lui, les empêche de se défendre. « Nous ne voulons pas de partenaires faibles, nous voulons des nations fortes », a-t-il lancé, en guise d’avertissement.

Ces piques répétées fragilisent un peu plus la relation transatlantique. Emmanuel Macron, attendu jeudi à New York, devra répondre à cette remise en cause publique. Le Haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, a déjà dénoncé un discours « qui nie les réalités les plus urgentes de notre temps ».

Une fracture internationale assumée

En multipliant les formules chocs, le président américain a une nouvelle fois opposé deux visions du monde : celle des souverainistes, qui prônent le primat des nations, et celle des multilatéralistes, qui cherchent des réponses collectives aux défis globaux. Cette confrontation, désormais centrale dans la diplomatie américaine, accentue la polarisation de la scène internationale.

Pour l’heure, les effets concrets restent incertains. Mais à écouter les réactions dans les couloirs de l’ONU, le fossé entre Washington et ses alliés européens semble plus profond que jamais. Et la coopération internationale, déjà fragilisée par la guerre en Ukraine et les tensions commerciales, apparaît une nouvelle fois menacée par le retour d’un président américain décidé à imposer sa propre vision du monde.

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