C’est dans l’enceinte d’une base aérienne sud-coréenne que Donald Trump et Xi Jinping se sont rencontrés jeudi, pour leur premier tête-à-tête depuis le retour du président américain à la Maison-Blanche. À l’issue de la rencontre, Donald Trump a salué « une réunion incroyable » et annoncé une série de gestes censés marquer un rapprochement entre les deux premières puissances économiques mondiales. Washington s’engage à réduire de moitié les tarifs douaniers imposés sur les produits chinois liés au fentanyl, tandis que Pékin suspend ses restrictions sur les exportations d’aimants en terres rares, indispensables aux industries de haute technologie. En parallèle, la Chine reprend ses achats massifs de soja américain, interrompus depuis plusieurs mois.
Un échange de concessions sans accord global
Selon la Maison-Blanche, cette rencontre a permis de formaliser un cadre d’accord discuté ces derniers jours par les délégations américaines et chinoises en Malaisie. Les taxes appliquées aux produits liés au fentanyl passeront de 20 % à 10 %, un geste présenté comme un signe d’apaisement dans un dossier sensible : les États-Unis accusent depuis plusieurs années la Chine de ne pas faire assez pour freiner les exportations de précurseurs chimiques utilisés dans la fabrication de cette drogue.
En retour, Pékin accepte de lever temporairement les restrictions pesant sur les terres rares, ces minerais essentiels à la production d’équipements électroniques, d’avions ou de batteries. La trêve commerciale devrait durer un an, avec possibilité d’extension.
Mais le communiqué chinois reste plus prudent. L’agence officielle Xinhua s’est contentée d’évoquer la volonté commune de « renforcer le dialogue » et de « traduire en résultats concrets les consensus obtenus ». Aucune confirmation précise des annonces américaines n’y figure. Selon plusieurs analystes, Pékin redoute de donner le sentiment de céder sous pression, alors que Washington n’a pas renoncé à certaines restrictions sur les semi-conducteurs et les investissements technologiques.
Les marchés réagissent avec circonspection
Cette détente, même partielle, a suffi à rassurer temporairement les investisseurs. En Asie, les indices boursiers ont légèrement progressé avant de se replier, les opérateurs jugeant le contenu de l’accord encore trop flou. Le compartiment des matières premières, notamment celui des terres rares, a en revanche profité de la perspective d’un retour à la normale des exportations chinoises. « Il s’agit d’un répit, pas d’une résolution », estime un économiste américain. « Le cœur du différend reste entier : contrôle des technologies, souveraineté industrielle et rivalité géopolitique. »
Donald Trump a exclu toute concession sur la question taïwanaise ou sur les exportations de semi-conducteurs avancés de Nvidia, évoquant seulement des discussions à venir « avec le PDG Jensen Huang ». Le président américain a également assuré que Pékin prendrait des « mesures concrètes » pour freiner le trafic de fentanyl, responsable de dizaines de milliers de morts chaque année aux États-Unis. Enfin, il a confirmé la reprise des achats agricoles chinois, présentée comme une victoire politique auprès de son électorat rural : « Des quantités considérables de soja et de maïs vont être achetées », a-t-il promis.
Une trêve sous surveillance
La rencontre de Busan met un terme provisoire à plusieurs mois d’escalade commerciale, marquée par des menaces de surtaxes et de nouvelles barrières douanières. Donald Trump a assuré qu’il ne mettrait pas en œuvre la hausse de 100 % des tarifs sur certains produits chinois initialement prévue pour novembre. Les deux dirigeants ont également évoqué la situation en Ukraine et affirmé vouloir « travailler ensemble » pour favoriser la fin du conflit, sans évoquer le pétrole russe, sujet resté tabou.
Cette trêve reste toutefois précaire. Les négociateurs américains espèrent prolonger au-delà de novembre la suspension des « tarifs réciproques », un moratoire censé expirer dans dix jours. Pékin, de son côté, entend évaluer la bonne foi de Washington avant de s’engager plus loin. Xi Jinping a conclu sur une note prudente : « Nos deux pays ne voient pas toujours les choses de la même façon. Mais il faut maintenir le cap et assurer la navigation stable du grand navire des relations sino-américaines. »


