Le Parlement hongrois a adopté lundi un texte interdisant les rassemblements publics LGBT+, dont la Marche des fiertés. Une mesure jugée discriminatoire, qui s’inscrit dans la stratégie conservatrice de Viktor Orbán à un an des élections.
C’est une nouvelle attaque législative contre les droits des personnes LGBT+ en Hongrie. Lundi 14 avril, les députés hongrois ont adopté à une large majorité un quinzième amendement à la Constitution, interdisant explicitement les rassemblements publics à caractère LGBT+, y compris la traditionnelle Marche des fiertés de Budapest, prévue en juin prochain.
Le texte, voté par 140 députés contre 21, redéfinit également le genre en des termes strictement binaires – masculin ou féminin – excluant ainsi toute reconnaissance juridique des personnes transgenres et intersexes. Il affirme par ailleurs que « le droit des enfants au développement moral, physique et spirituel prime sur tout autre droit », formulation interprétée comme un outil juridique pour restreindre l’accès des mineurs à tout contenu lié à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle.
« Une stratégie pour galvaniser son électorat »
Cette réforme constitutionnelle intervient à un an des législatives de 2026, dans un climat politique tendu. Le Premier ministre Viktor Orbán, au pouvoir depuis 2010, mise depuis plusieurs années sur des thèmes identitaires et conservateurs pour mobiliser son électorat, face à une opposition qui peine à s’unir.
« Ce n’est pas une surprise, mais c’est un pas de plus dans la stigmatisation organisée des minorités », dénonce Dánel Döbrentey, avocat à la Hungarian Civil Liberties Union. « Cette législation est pensée pour humilier, invisibiliser et diviser. »
Pour Péter Magyar, principal opposant au Premier ministre, il s’agit d’un écran de fumée : « Le gouvernement détourne l’attention de la crise économique et sociale en pointant du doigt une communauté déjà marginalisée. C’est une stratégie vieille comme le monde. »
Une onde de choc en Europe
À Bruxelles, la réaction a été immédiate. La commissaire européenne à l’Égalité, Helena Dalli, a dénoncé une « grave atteinte aux droits fondamentaux ». L’Allemagne, l’Irlande et les Pays-Bas ont également fait part de leur « vive préoccupation » face à un texte jugé incompatible avec les valeurs de l’Union.
La société civile hongroise, elle, ne désarme pas. Malgré l’interdiction officielle, les organisateurs de la Budapest Pride ont annoncé leur intention de maintenir la marche prévue le 28 juin. « Ce texte est inconstitutionnel et nous le contesterons. Mais quoi qu’il en soit, nous marcherons », affirme Luca Dudits, porte-parole de l’association Háttér Society.
Depuis 2020, le gouvernement Orbán a multiplié les initiatives législatives ciblant les personnes LGBT+ : suppression de la reconnaissance juridique des personnes trans, interdiction des livres jeunesse mentionnant l’homosexualité, loi censurant la « promotion » des identités LGBT auprès des mineurs… Avec cet amendement, la Hongrie poursuit son isolement sur la scène européenne en matière de libertés individuelles.