L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre diplomatique. Le gouvernement polonais a ordonné la fermeture du consulat de Russie situé à Cracovie. La Pologne accuse le GRU (les services de renseignement russes) d’avoir commandité un incendie criminel à Varsovie en 2024. En réponse, Moscou a promis une « réponse adéquate », confirmant la montée des tensions entre les deux pays.
Un incendie d’origine criminelle
Le 9 mai 2024, un vaste incendie ravage une halle commerciale de 1.400 échoppes dans le centre Marywilska de Varsovie. Si les causes de l’incendie étaient alors inconnues, les autorités polonaises ont révélé ce mois-ci disposer de « preuves irréfutables » liant ce sinistre à un sabotage orchestré par les services spéciaux russes.
Nous savons désormais avec certitude que le grand incendie du centre Marywilska a été provoqué par un incendie criminel, commandité par les services russes.
– Donald Tusk, Premier ministre polonais
Plusieurs individus, dont deux ressortissants ukrainiens, ont déjà été arrêtés. D’autres sont activement recherchés. Le parquet de Varsovie a également évoqué l’existence d’un groupe de criminels organisés. Et chargé de provoquer des incendies dans plusieurs pays de l’Union européenne pour le compte de Moscou. Le même groupe serait d’ailleurs impliqué dans l’incendie d’un magasin Ikea à Vilnius, en Lituanie.
La Pologne ferme le consulat de Cracovie
Face à cette escalade, le ministre des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a annoncé la fermeture du consulat russe à Cracovie. « J’ai décidé de retirer mon consentement au fonctionnement du consulat de la Fédération de Russie à Cracovie », a-t-il affirmé sur X. Le ministre polonais précisant que cette mesure était appliquée en réponse à un « acte de sabotage avéré ».
Ce n’est pas pas une première sur le territoire polonais. En 2024, le ministère des Affaires étrangères avait fait fermer le consulat russe de Poznan pour des raisons similaires. De son côté, en janvier 2025, la Russie avait riposté en fermant le consulat polonais de Saint-Pétersbourg.
Moscou dénonce une « hystérie antirusse »
Face à cette annonce, la réaction n’a pas tardé côté russe. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a dénoncé une « décision inadéquate » et promis une « réponse proportionnée ». Le Kremlin, par la voix de Dmitri Peskov, a également qualifié les accusations de la Pologne comme « russophobes » et « sans fondement ». Le Kremlin accuse Varsovie de « ruiner délibérément leurs relations bilatérales ».
L’intensification d’une guerre hybride
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la Pologne est devenue l’un des bastions européens de l’aide apportée à Kiev. Membre de l’OTAN et de l’UE, la Pologne représente une plaque tournante logistique pour l’acheminement d’armes et de matériel à destination de l’Ukraine. Mais elle est aussi devenue, une cible privilégiée de la guerre hybride menée par Moscou. Parmi ces opérations de déstabilisation : désinformation, cyberattaques, sabotages, tentatives d’incendie criminel et agressions physiques.
Depuis 2022, les autorités polonaises ont ainsi arrêté et condamné plusieurs individus pour divers faits de sabotage liés aux services russes : incendies, passages à tabac, intrusions dans des sites stratégiques ou militaires, etc. Le pays coopère également avec la Lituanie, et d’autres partenaires européens, pour neutraliser ces menaces sur son territoire.
Une menace également présente sur sol français ?
En avril 2025, la France a officiellement accusé le renseignement militaire russe, le GRU, d’être à l’origine de plusieurs actes criminels dirigés contre la France. Elle a ainsi dénoncé une série d’opérations hostiles menées sur le sol français. Notamment des cyberattaques ciblant des infrastructures sensibles, des tentatives de sabotage industriel et des campagnes massives de désinformation.
Paris dénonce des actes criminels, relevant d’une stratégie de « guerre hybride » menée par les autorités russes, et visant à affaiblir la souveraineté nationale et la cohésion européenne. « La France ne tolérera aucune attaque contre ses intérêts vitaux. Nous avons identifié, documenté et désormais nommé les responsables : le GRU est derrière ces opérations hostiles. Il y aura des conséquences ». Cette prise de position s’inscrit dans un durcissement général du ton diplomatique de la part d’Emmanuel Macron et des autorités françaises, face à la multiplication des ingérences russes sur le territoire européen.
Vers une rupture totale des relations entre la Russie et la Pologne ?
Varsovie a averti à plusieurs reprises : si ces actes de sabotage persistent, tous les consulats russes seront fermés et le dialogue coupé. Une déclaration qui traduit la dégradation accélérée des relations diplomatiques entre les deux pays. Dans un contexte de tensions et d’insécurités croissantes, cette nouvelle affaire montre une étape de plus dans le conflit opposant la Russie à ses voisins européens.
