L’hiver s’annonce une fois encore sous les bombes. La Russie a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi l’une de ses attaques aériennes les plus massives depuis le début de la guerre. Selon Kiev, 653 drones et 52 missiles ont été tirés contre des cibles civiles et énergétiques dans dix régions, dont la capitale. Quatre personnes ont été tuées, parmi lesquelles une fillette de sept ans, et plus d’une trentaine blessées.
À Zaporijjia, des immeubles éventrés témoignent de la violence des frappes. « Les Russes ont visé des civils et des installations énergétiques », a accusé le président Volodymyr Zelensky dans un message en ligne. Il appelle les alliés du G7 à « ne pas ignorer la volonté de Moscou de tout détruire » et réclame de nouvelles sanctions contre le Kremlin.
Des infrastructures à bout de souffle
Les attaques ont ciblé plusieurs centrales électriques, provoquant d’importantes coupures de courant à travers le pays. DTEK, principal opérateur privé, évoque un « coup dur porté à nos efforts pour assurer la continuité de l’électricité cet hiver ». Le gestionnaire public Ukrenergo prévient que les coupures pourraient devenir « continues » dès vendredi.
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À Lviv, deux installations énergétiques ont été endommagées, perturbant l’alimentation jusqu’en Pologne voisine. Les autorités redoutent un scénario similaire à l’hiver 2022-2023, lorsque la Russie avait multiplié les frappes pour affaiblir le moral de la population. « Chaque hiver, Moscou cherche à nous plonger dans le froid et la peur », résume un responsable du ministère ukrainien de l’Énergie.
L’armée russe revendique des « cibles stratégiques »
Le ministère russe de la Défense affirme de son côté avoir visé des « sites militaro-industriels » et des « bases aériennes », tout en revendiquant l’abattage de 170 drones ukrainiens. Selon Moscou, 48 d’entre eux auraient été interceptés dans la région frontalière de Briansk, neuf autres près de la capitale russe.
Mais sur le terrain, les pertes civiles s’accumulent. À Zaporijjia, deux habitants ont péri dans un immeuble d’habitation, et six enfants figurent parmi les blessés. À Vinnytsia, une fillette grièvement touchée est morte à l’hôpital. « C’est une guerre d’usure contre les civils », déplore Daria Andriievska, correspondante de l’AFP à Kiev.
L’hiver, arme de guerre
Cette offensive s’inscrit dans la stratégie récurrente du Kremlin : affaiblir la résistance ukrainienne en paralysant son réseau électrique. Les forces russes affirment avoir conquis deux nouveaux villages, Sadové dans la région de Kharkiv et Krasnoguirské dans celle de Zaporijjia. Malgré le soutien occidental, les lignes ukrainiennes se réduisent.
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À mesure que les températures chutent, les infrastructures énergétiques deviennent la cible prioritaire. « Le réseau est déjà très fragilisé, et il suffira de quelques frappes supplémentaires pour provoquer des coupures massives », avertit un ingénieur d’Ukrenergo. Dans la nuit noire de Kiev, les habitants s’habituent à vivre au rythme des alarmes aériennes et des générateurs. L’hiver commence, et avec lui une nouvelle phase de la guerre.


